L’objectif du Forum SahelInnov est de contribuer au passage à l’échelle des innovations à fort impact socio-économique, afin d’apporter des réponses aux défis de la région du Sahel, et plus particulièrement aux nouveaux enjeux démographiques, aux changements climatiques, au développement humain, et à la création d’emplois.
Développer la région du Sahel par les startups et favoriser le passage à l’échelle de leurs solutions. C’est le défi qu’a décidé de relever le CIPMEN, principal incubateur du Niger en organisant le forum SahelInnov qui se déroulera dans la capitale du pays Niamey les 22 et 23 février 2017, avec la participation exceptionnelle de Michaëlle Jean (SG de l’Organisation Internationale de la Francophonie), Jacques Attali (Positive Planet) ou encore Jean-Michel Severino (Investisseurs & Partenaires). Et rassemblant une centaine de participants et d’acteurs des écosystèmes d’innovation sahéliens : entrepreneurs (Faso Pro, M@san, Drone Africa Services, Tech-Innov, etc.), universitaires, investisseurs, espaces d’innovation (La Fabrique Ouagadougou, Impact Hub Bamako, CTIC Dakar, Wenaklabs N’Djamena, etc.), grands groupes, organisations internationales (Jeune Chambre de Commerce de Mauritanie, AFD, World Bank) etc. Pour parler de la startup sahélienne, rencontre avec Almoktar Allahoury, directeur du CIPMEN et initiateur du forum SahelInnov qui répond ici aux questions de StartupBRICS, partenaire de SahelInnov, avec Héloise Lebrun-Brocail.
Peux-tu présenter l’initiative SahelInnov et le CIPMEN à nos lecteurs ? Quels sont leurs objectifs ?
Le Centre Incubateur des PME au Niger (CIPMEN) est né d’un partenariat public–privé dont l’ambition est de contribuer au lancement de startups championnes dans des secteurs d’activités comme le numérique, les énergies renouvelables, l’environnement ou l’agrobusiness. En moins de trois ans, CIPMEN fait montre de dynamisme et d’un grand impact social, avec plus de 100 emplois créés à travers 15 startups. Le succès enregistré par le CIPMEN lui a permis d’exporter son modèle dans la sous-région, notamment au Mali, et en Guinée.
C’est pour renforcer l’impact fort apprécié du CIPMEN dans le Sahel à travers l’entrepreneuriat innovant et durable, et afin de relever les défis colossaux auxquels fait face le Sahel en s’appuyant sur la dynamique du développement des startups, que le réseau SahelInnov organise le forum SahelInnov les 22 et 23 Février à Niamey, sous l’impulsion du Centre Incubateur des PME du Niger (CIPMEN),
L’objectif du Forum SahelInnov est de contribuer au passage à l’échelle des innovations à fort impact socio-économique, afin d’apporter des réponses aux défis de la région du Sahel, et plus particulièrement aux nouveaux enjeux démographiques, aux changements climatiques, au développement humain, et à la création d’emplois.
A ce jour, le réseau SahelInnov comprend les incubateurs suivants : CIPMEN (Niger), CREATEAM (Mali), Saboutech (Guinée), CTIC-Dakar (Sénégal), La Fabrique (Burkina Faso), JCCM (Mauritanie), Wenak LAbs (Tchad).
L’objectif du Forum SahelInnov est de contribuer au passage à l’échelle des innovations à fort impact socio-économique, afin d’apporter des réponses aux défis de la région du Sahel.
Quels sont les principaux défis auxquels sont confrontées les startups sahéliennes ? De quelle façon le CIPMEN les aide-t-elles à les dépasser ?
A l’instar des startups africaines, les startups du Sahel évoluent dans un écosystème peu favorable. Elles doivent aujourd’hui faire face à cinq principaux défis :
- l’accès aux talents : la rareté des RH compétentes entraine une inflation des salaires, rendant le recrutement extrêmement compliqué pour les startups, en comparaison avec les grandes entreprises. Dans le même temps, les centres de formation locaux produisent peu de ressources qualifiées.
- La mentalité : la culture moderne de type sociétaire est assez récente en Afrique. Dans la plupart des cas, l’entreprise se confond à son promoteur tant l’externe que dans la gestion opérationnelle et financière. Or, le succès d’une entreprise repose sur une structure solide dont la viabilité ne dépend pas d’une personne. Aussi, la caractéristique des marchés locaux ne permet pas une adoption rapide des solutions proposées par les startups.
- L’accès aux infrastructures : il est primordial pour une startup d’avoir accès aux infrastructures facilitant la R&D, l’accès à l’information, l’accès à des structures d’accompagnement (incubateurs, fablabs,.. et l’accès à des chaines de production / montage.
- L’accès au financement : les offres des banques classiques excluent dans la plupart des cas les startups. Quant aux réseaux de business angels et autres capitaux risqueurs, l’offre locale est quasi inexistante.
- L’environnement fiscal et réglementaire: considérée comme une PME, la fiscalité appliquée aux startups est un frein pour leur développement.
Partant du postulat que le succès de nos startups passe par une amélioration de l’écosystème, CIPMEN s’est donné pour mission d’agir comme un catalyseur au Niger. Ainsi, pour une meilleure efficacité de l’action, nous œuvrons dans la résolution de ces problématiques à travers du lobbying auprès des autorités (loi des finances), le développement de programmes dans les universités (module entrepreneuriat, incubateur à l’université), ou encore la formation de réseaux de business angels locaux.
CIPMEN s’est donné pour mission d’en être le catalyseur de l’écosystème startup au Niger, via des actions de lobbying ou encore à travers le développement de programmes entrepreneuriaux dans les universités et la formation de réseaux de business angels.
Le programme SahelInnov Boost sera lancé pendant SahelInnov. Quels critères devront remplir les startups qui souhaitent accéder à ce programme ?
Le programme SahelInnov Boost a pour but d’offrir les opportunités d’un marché commun (7 pays) à nos startups qui répondent des critères spécifiques, tels que :
- Avoir un fort impact social
- Développer une innovation conséquente pour le Sahel
- Avoir fait ses preuves dans son pays d’origine
Ce programme accélérateur procure à la startup un écosystème facilitant le passage à l’échelle de sa solution dans le Sahel, notamment via la facilitation de l’accès au financement, à l’expertise, au marché et aux infrastructures, via notre réseau.
Le programme SahelInnov Boost intègre la startup dans un écosystème facilitant son passage à l’échelle.
SahelInnov récompensera les vingt meilleures solutions de startups pour le Sahel. Que peux-tu dire de l’évolution l’écosystème startup sahélien ces dernières années ? Y a-t-il un ou des domaines qui émerge(nt) davantage que les autres, comme la fintech ou la e-santé par exemple ?
L’écosystème des startups au Sahel a connu une évolution fulgurante, notamment grâce au numérique. Le terme leapfrogging y prend véritablement tout son sens. Un tour dans les villages du Niger, dans les maternités de Dakar ou au Burkina Faso suffisent à s’en convaincre : les résultats de l’irrigation intelligente grâce au mobile sont impressionnants, l’outil Karangué a permis de réduire considérablement la mortalité infantile, et l’augmentation de la production de chenilles précuites a permis de lutter efficacement contre la malnutrition.
Je pourrais citer des dizaines d’autres d’exemples, mais venez plutôt à SahelInnov les 22 et 23 février pour rencontrer au moins une trentaine de champions qui changent le visage du Sahel.
SahelInnov ambitionne d’accélérer ce processus en facilitant l’accès à 300 millions de clients pour ces startups qui apportent des solutions concrètes aux défis quotidiens des sahéliens.
L’écosystème des startups au Sahel a connu une évolution fulgurante, notamment grâce au numérique. Le terme leapfrogging y prend véritablement tout son sens.
Une compétition d’applications numériques aura lieu pendant le Forum. Que peux-tu dire du développement du numérique au Sahel ces dernières années ? Le numérique représente-t-il selon toi un vecteur significatif de développement au Sahel et plus largement en Afrique ?
La pénétration fulgurante du mobile (plus d’un africain sur deux possède désormais un téléphone portable) et d’internet on provoqué une modification majeure du mode de vie de la population africaine.
Les impacts sont considérables : taux de bancarisation en hausse, accès renforcé à l’information, renforcement de la démocratie et de la liberté d’expression, suppression des frontières, renforcement des capacités,… Il s’agit désormais pour l’Afrique de développer « son propre Internet », en produisant des contenus locaux inspirés de sa culture et de ses besoins.
Les performances des pays du Sahel en matière de numérique restent faibles, du fait d’un accès limité aux infrastructures, rendu onéreux par l’enclavement de la plupart des pays du Sahel (1Mo coûte 1o fois plus cher au Niger qu’au Benin). Cependant, la tendance des investissements sur ces dix dernières années est bonne et incite à l’optimisme.
Retrouvez le programme de SahelInnov ici, et n’hésitez pas à vous inscrire !