Après les entrepreneurs de la Silicon Valley et les hommes d’affaires avisés, ce sont les enfants asiatiques qui se mettent à la programmation informatique. La First Code Academy de Hong Kong les met à l’épreuve de la création d’applications avec son concours App Jamming. Avec le développement des nouvelles technologies, ce savoir est recherché par un nombre croissant d’entreprises. Aux États-Unis, par exemple, le nombre de postes de développeur est amené à augmenter de 30 % entre 2010 et 2020, d’après le Bureau national de Statistiques. Une analyse de Laurence Lam, experte business Chine, au sein du cabinet Daxue Conseil et contributrice-experte Chine pour StartupBRICS.
À Hong Kong, le concours de création d’applications destiné aux huit-seize ans vient d’ouvrir pour une quatrième édition. À la mi-mars, l’école d’apprentissage du code First Code Academy reçoit les projets d’applications mobiles envoyés par des enfants et adolescents basés à Hong Kong, en Chine continentale et à Singapour pour l’App Jamming Summit. Ses équipes s’apprêtent à récompenser ces entrepreneurs en herbe, témoins d’une tendance en plein boom : apprendre à coder dès le plus jeune âge.
Coder, une compétence recherchée
En effet, la Chine est aujourd’hui le deuxième pays dans lequel sont basés le plus de développeurs (10 % du total, d’après l’organisme de recherche IDC), derrière les États-Unis et devant l’Inde. Surtout, d’ici à 2030, la Chine aura le plus grand nombre de développeurs potentiels au monde, estime Bloomberg. Leur compétence clef : ils manient le langage informatique et peuvent ainsi créer les programmes qui se cachent derrière tous nos logiciels et applications.
Avec le développement des nouvelles technologies, ce savoir est recherché par un nombre croissant d’entreprises. Aux États-Unis, par exemple, le nombre de postes de développeur est amené à augmenter de 30 % entre 2010 et 2020, d’après le Bureau national de Statistiques.
Si aucune donnée ne permet de connaître avec précision le nombre d’entreprises faisant appel à des développeurs en Chine, tout porte à croire que leurs compétences y sont également recherchées : fin 2015, le taux de pénétration des smartphones au sein de la population chinoise était estimé à 68 %, dépassant celui de l’Europe. Un chiffre qui est consolidé avec la montée en puissance du Big data en Chine, une technologie qui permet de révolutionner la façon dont les entreprises exploitent les données comportementales des consommateurs, qui sont analysés et transformées en précieuses informations. Or, sans de solides compétences en programmation, difficile de lancer son application mobile et donc de conquérir ce marché.
Michelle Sun, fondatrice de la First Code Academy, l’a éprouvé elle-même : c’est en voulant créer sa propre application qu’elle s’est aperçue de son manque de connaissance en la matière. Après avoir suivi une formation au code dans la Silicon Valley et avoir travaillé en tant que programmeur dans une start-up, cette ancienne employée de Goldman Sachs a fondé sa propre école de code à Hong Kong.
Plus on code jeune plus c’est facile
Preuve que les parents ont bien compris l’enjeu de la programmation aujourd’hui, la First Code Academy a formé quelque 2 500 jeunes depuis sa création, en 2013. « Le code, c’est comme une troisième langue après l’anglais et le mandarin », déclare Michelle Sun dans une interview à Bloomberg. Apprendre la programmation quand on est enfant favorise son assimilation. Les classes de la First Code Academy ouvrent donc dès six ans.
Concrètement, trois niveaux ont été créés à la First Code Academy, décrit Michelle Sun sur CBSbutler. Le premier, destiné aux enfants de 6 à 8 ans, vise à montrer la technologie sous son angle « d’outil créatif ». De 9 à 11 ans, ils seront ainsi capables d’imaginer et de créer leurs propres jeux sur mobile ou ordinateur. Enfin, les adolescents de plus de 12 ans apprennent les outils et les concepts nécessaires pour passer concrètement à la réalisation d’applications, tout en prenant conscience des usages sociaux du Net tels que les données privées, la sécurité ou les réseaux sociaux.
Et pour mettre les jeunes entrepreneurs à l’épreuve, l’équipe d’App Jamming a organisé un concours ludique : pour sa quatrième édition, les enfants et adolescents doivent créer, par groupes d’une à quatre personnes, une application ou un jeu mobile sur le thème « ma maison de rêve ». Pour développer la capacité des finalistes à parler en public, First Code Academy organise même des exercices de présentation orale de leur projet. Au-delà de l’apprentissage pur et simple de lignes de codes, l’enjeu est aussi d’inciter les enfants à être créatifs et à avoir confiance en eux.
Un secteur en plein boom
Michelle Sun n’est pas la seule entrepreneure à avoir perçu l’importance de la programmation informatique pour les jeunes. Rien qu’à Hong Kong, elle partage notamment le marché avec Code Club et General Assembly, des institutions basées aux États-Unis et au Royaume-Uni. De façon plus générale, les écoles de code se multiplient dans tout le pays, à Xi’an par exemple avec Kidscode, ou à Pékin, avec des développeurs enseignants dans des écoles primaires, comme Reynold Ren, expliquant à Bloomberg avoir déjà enseigné le code à plus de 150 élèves de primaires dans la capitale.
Surtout, les parents ne sont pas seulement intéressés par l’acquisition de compétences en informatique pour leurs enfants. Certains souhaitent s’y mettre eux-mêmes. La First Code Academy a donc prévu un cours auxquels parents et enfants sont bienvenus, tandis que d’autres entreprises, comme Uplooking a Pékin, s’installent au plus près des universités pour attirer les étudiants.
Source photo : TodayOnline.com