L’économie africaine repose essentiellement sur le secteur primaire notamment l’agriculture, secteur dans lequel plus de la moitié de la population évolue. Néanmoins, les méthodes et techniques utilisées restent rudimentaires ; ce qui ne garantit pas un rendement optimal. StartupBRICS s’est entretenu avec Mr Abdou Maman Kané, fondateur et CEO de TECHINNOV, une startup Nigérienne qui propose des services destinés à faciliter le quotidien des agricoles ainsi qu’à augmenter leur rendement grâce aux nano-capteurs et au BigData.
TECHINNOV est l’une des rares startups africaines orientées vers l’agriculture connectée dans la région du Sahel. Vous proposez des Kits de téléirrigation destinés à améliorer le quotidien des acteurs du secteur agricole et à augmenter leur rendement. Quel constat vous a poussé à développer un service alliant technologie et agriculture ?
L’agriculture africaine est restée longtemps rudimentaire avec des outils de production et des méthodes archaïques et pas optimales. Cette situation et ces méthodes inhibent les rendements agricoles et sont une des raisons principales de l’insécurité alimentaire chronique. C’est de ce constat qu’est venue l’idée d’un système d’irrigation intelligent et pilotable à distance.
Vos services permettent aux agriculteurs de déclencher l’irrigation à distance par le biais de leur téléphone portable. Comment faites-vous pour pallier au taux d’illettrisme élevé dans le milieu agricole ?
En effet, la Télé-Irrigation est un procédé technologique qui permet à un agriculteur de piloter à distance le système d’irrigation de son exploitation agricole quelles que soit sa position géographique et la météo au moyen de son téléphone mobile et du solaire suivant une distribution intelligente de l’eau (besoins, quantité, temps, type de spéculation…). Afin de permettre aux analphabètes et semi-lettrés d’utiliser notre système de télé-irrigation, nous avons développé une variante de notre application basée sur le déclenchement vocal du système d’irrigation afin de le rendre accessible au plus grand nombre et d’éviter aux utilisateurs des manipulations complexes.
Quels sont, selon vous, les freins potentiels à votre expansion au Niger ?
Le véritable problème auquel sont confrontées les start-ups innovantes au Niger et en Afrique en général, est l’accès au financement. Ce problème est encore plus complexe quand les startups en question, proposent des innovations de rupture comme la nôtre qui nécessitent des investissements assez considérables.
Cette problématique liée aux méthodes agricoles désuètes est commune à beaucoup de pays Africains. Envisagez-vous d’exporter vos services dans un avenir proche?
Nous sommes présentement sur un plan de développement pour les années 2017-2021 qui va nous permettre non seulement d’attaquer le segment de marché Ouest-Africain mais aussi le bassin méditerranéen. Nous avons également lancé un programme de recherche et développement (R&D) pour la mise au point de nouvelles innovations technologiques et sociales et l’amélioration des produits actuels.
Le Kit reste relativement cher pour un agriculteur qui ne dispose pas de moyens financiers importants ou d’un crédit bancaire. Proposez-vous des facilités de paiement ?
Effectivement, nous sommes en partenariat avec des institutions de la finance décentralisée (micro finance) pour proposer des offres communes plus accessibles à la majorité. Nous travaillons également avec des partenaires au développement qui accompagnent le monde rural et le secteur agricole en particulier.
Les coûts élevés sont dus à la fabrication des éléments du Kit en Europe. Envisagez-vous de faire fabriquer vos kits au Niger ou de trouver des fournisseurs potentiels en Afrique pour alléger vos coûts de production ?
Le plan de développement que j’ai évoqué tantôt aboutira à terme à la mise en place d’une unité de production de kits de télé-irrigation au Niger. Ce qui permettra de réduire de manière considérable les coûts du Kit et de les rendre plus accessibles.
Vous collectez beaucoup de données météorologiques et hydrologiques grâce au Kit. Ces données sont-elles exploitées et analysées?
Notre partenariat avec l’université de Niamey nous permet de compiler et synchroniser toutes ces données afin de les analyser et de proposer un service d’appui conseil fiable et de précision. Beaucoup de secteurs économiques primaires ont des problématiques pouvant être résolues grâce à la technologie en Afrique.
Envisagez-vous de créer d’autres déclinaisons pour les secteurs de l’élevage, pêche etc…?
Bien sûr! Notre programme de R&D contenu dans le plan de développement 2017-2021 ambitionne de développer chaque année au moins 3 innovations brevetées. Ces recherches seront axées afin de proposer des solutions innovantes pour les secteurs primaires notamment l’agriculture, l’élevage, la pèche et l’aviculture. Dans cette lancée, nous avons déjà lancé un produit lié à l’abreuvage intelligent et automatique des animaux et nous espérons continuer sur cette voie dans les années à venir.