Togo : Dashmake, ou comment réinventer le parcours de soin urgentiste en Afrique !

Une solution qui relie informatique et santé et qui permet d’avoir toutes les bonnes données au bon moment pour aider les victimes de sinistres ? Telle est la création du groupe Dashmake avec la sortie de son outil SOS System véritable allié de la prise en charge du parcours de soin urgentiste.

26 personnes meurent chaque heure d’accident de la route sur le continent africain

Ce qui représente plus de 400 personnes par jour selon les statistiques. Un constat effarant face auquel Helton, Darwin, Michel et Auguste Sénu ne savaient rester insensible.

C’est en remarquant les lacunes des systèmes de numéro verts et numéros d’urgences qu’ils décident de créer SOS System. En effet, les solutions en place rencontraient leurs limites lorsqu’il était impossible de localiser des appels de détresses ou que les rues de plusieurs villes africaines étaient mal géolocalisées. Une perte de temps considérable pour les secours qui pouvaient passer des heures à trouver une bonne adresse ou qui restaient coincés dans des embouteillages faute d’informations en temps réel sur le trafic.

Une problématique de communication qui s’étendait jusqu’à tous les autres maillons de la chaîne quand les hôpitaux n’étaient pas prévenus de l’arrivée des blessés et n’avaient pas la possibilité de faire face à des cas d’urgence en préparant leur matériel en amont.

Chez Dashmake, les entrepreneurs décident de prendre le problème à la source !

Miser sur les nouvelles technologies pour faciliter la communication et la prise en charge

SOS System est un regroupement de plusieurs solutions informatiques qui révolutionnent le secteur.

  • SOS SUPERVISEUR permet de géolocaliser, gérer les appels de détresse et offrir des conseils de premiers secours en temps réel à distance aux témoins.
  • SOS Bracelet permet de transmettre les données de santé des victimes via un QR code. Lors de l’achat du bracelet, l’individu y intègre ses informations personnelles. Groupe sanguin, antécédents médicaux, toutes ces données sont regroupées au bout du poignet et peuvent être lus par des secouristes agréés en cas d’urgence.
  • SOS ADS, dans une perspective plus éducative, diffuse des informations de santé de masse.  elle envisage d’éduquer les populations sur différentes thématiques liées à leur santé. Les populations de femmes enceintes et de jeunes sont particulièrement ciblés pour faire de la prévention face au paludisme, sida, obésité et diabète.

Grâce à sa solution de prise en charge globale du système de santé, le groupe Dashmake a un objectif : permettre de préserver le ou la future cheffe d’entreprise, leader politique, scientifique ou génie qui pourrait être victime d’un sinistre et perpétuer la bonne santé de l’Afrique pour toujours aller de l’avant.

Une belle aventure, riche en défis et en enjeux qui a su être récompensée.

Après avoir bataillé pour faire face aux changements d’habitudes et aux difficultés de trouver des connexions internet stables sur le continent, Dashmake est fier de remporter plusieurs prix et concours internationaux. Cette entreprise prometteuse est ainsi titulaire du 2ème Prix du concours national Apps Togo organisé en 2016 par le Ministère de l’Economie Numérique du Togo, du Prix Tony Elumelu Entrepreneurship Program 2017 et Jambar Tech Lab 2017 de CTIC Dakar.

A l’heure actuelle, ce sont plus de 150 000 utilisateurs qui utilisent SOS System au quotidien. Et l’entreprise projette d’ici le début de l’année 2019, de s’établir pleinement au Maroc, en Côte d’Ivoire et en France grâce à des partenaires locaux.

Rencontre-interview avec 3 membres de l’équipe de Dashmake : YAWOVI Agbéwonou Darwin, ATIKLEME Eddie Michel et EDORH Akpé Kévin Auguste Sénu.

StartupBRICS : Comment pouvez-vous décrire la situation du secourisme dans les pays africains à l’heure actuelle ?

Dashmake : En Afrique et selon un article consacré par le journal Jeune Afrique en Mai 2017, 26 personnes meurent chaque heure d’accidents de la route. Le nombre est conséquent et déroutant si on se permet de le multiplier par 24h, par semaine, par mois, par année. Face à ce drame, les pouvoirs publics dans tous les états africains utilisent le système du numéro vert ou du numéro d’urgence. Toutefois, dans certains pays, cette solution n’est pas opportune, elle ne permet pas par exemple la possibilité pour les secours de localiser les appels de détresse et donc de savoir à quel endroit les sinistres se produisent, le mauvais adressage des rues dans plusieurs villes africaines, rendent encore difficile les choses. Les secours dans la majorité des cas arrivent en retard parce qu’ils se perdent souvent dans la description des lieux par le témoin, ou encore dans les embouteillages alors même qu’il existe des chemins plus courts pour arriver plus rapidement. Le secourisme, en dehors de l’aspect transport touche, également l’accueil des victimes dans les hôpitaux. Le constat est que les hôpitaux ne sont pas alertés de la venue de ces blessés et ne peuvent pas pour cela préparer les matériels qu’il faut. Aussi, les campagnes de sensibilisation entreprises par les gouvernements pour tenter de lutter contre ce mal, demeurent infructueuses car les supports ou canaux de communication, parfois utilisés, n’atteignent pas directement les cibles (surtout les jeunes) qui sont vraiment concernées.

Comment SOS System permet-elle l’accès aux bracelets avec QR Code ?

L’utilisation du bracelet QR (SOS bracelet) est conditionnée en amont par l’achat de celui ci et par l’enregistrement par l’utilisateur de ses informations personnelles (informations relatives à l’état civil, aux antécédents de santé, aux personnes à prévenir en cas d’urgence,…) par lui même ou par une personne qualifiée (médecin par exemple). Lorsqu’une personne est victime d’un sinistre et qu’elle porte son SOS Bracelet, il suffit que le secouriste (s’il est autorisé), sur place, scanne le code QR du bracelet pour connaître ses antécédents de santé, prévenir ses proches et ainsi savoir dans quel hôpital, il faille le conduire.

Quel a été le plus gros défi qu’a dû affronter l’entreprise ?

Notre plus gros défi a été de convaincre les autorités de notre pays d’utiliser notre solution afin d’améliorer la qualité des services de secours.

Quels sont les gros enjeux de santé sur lesquels éduquer les populations ?

Le continent africain est à majorité jeune et notre défi est d’éduquer cette population sur les bonnes pratiques et comportements à tenir pour vivre bien et longtemps. A ce propos, nous envoyons quotidiennement (à nos milliers d’utilisateurs) des conseils et des alertes sur le bien être, la sécurité routière, le secourisme et la santé. Nous ne limitons pas nos thématiques, au contraire nous travaillons à les conseiller sur toutes les thématiques pouvant leur assurer la bonne santé. Nous visons particulièrement les jeunes, les femmes enceintes, les enfants dans nos conseils pour les instruire sur ces lourds défis dont l’Afrique fait face qui sont la prévalence du paludisme, du VIH SIDA, du diabète, de l’obésité, du cancer etc… Etant donné que parmi les victimes de sinistres et de maladies, il y a certainement des futurs chefs d’entreprises créateurs de richesse et d’emplois, des futurs leaders politiques, des futurs scientifiques et génies dont le monde à besoin, nous voulons nous assurer de les garder en vie et en bonne santé pour que l’Afrique puisse aller plus encore de l’avant.

About Samir Abdelkrim

Entrepreneur et consultant, Samir Abdelkrim est l’expert francophone de l’innovation africaine. Samir Abdelkrim est le Fondateur d'EMERGING Valley, le sommet international sur l'innovation africaine et les technologies émergentes qu'il a créé à Marseille et à thecamp après une longue exploration des écosystèmes startups africains durant 3 années. Entre 2014 et 2018, Samir Abdelkrim a sillonné l’Afrique de l'innovation et analysé les écosystèmes numériques de 25 pays africains. Une expérience terrain dont il a tiré un livre, Startup Lions, préfacé par Xavier Niel et Tidjane Deme. Samir Abdelkrim est également chroniqueur sur la tech africaine dans les grands titres nationaux comme Les Echos ou Le Monde où il est spécialisé sur les startups africaines. Il est également le fondateur de StartupBRICS.