Au cours de l’évènement BIG, organisé le 1er octobre par la Banque Publique d’Investissement, de nombreux ateliers et conférences avaient pour objet l’Afrique et ses potentiels économiques. L’un d’entre eux réunissait le ministre Papa Amadou Sarr et Omar Cisse, deux grandes personnalités de l’entreprenariat sénégalais porteurs d’un même constat : le pays met aujourd’hui des moyens conséquents à disposition de ses entrepreneurs, pour faire du Sénégal une terre d’opportunités. Décryptage de leur intervention par StartupBRICS. |
Par Philippine Leclerc
Les deux intervenants de cet atelier BIG-BPI ne sont pas étrangers à l’entrepreneuriat, bien au contraire. Ils sont tous deux des experts dans le domaine ! Papa Amadou Sarr, en tant que Ministre délégué général à l’Entreprenariat rapide des femmes et des jeunes (DER), auprès du Président de la République du Sénégal et Omar Cisse, en tant que serial-entrepreneur, fondateur d’un incubateur et d’un fond d’investissement. Leurs point commun ? La volonté de créer un écosystème favorable aux futurs entrepreneurs du Sénégal. Les deux experts sont en effet convaincus que l’Afrique regorge de talents dans lesquels le public doit investir pour garantir richesses et paix sur le continent.
Papa Amadou Sarr précise sa mission au sein du gouvernement : accompagner et financer les porteurs de projets, dénicher les talents sénégalais et créer pour eux des opportunités. Une feuille de route qui l’a déjà conduit à instaurer un Startup Act national, et ce, en un temps record. Cet engagement qu’il avait pris lors du sommet EMERGING Valley en 2018 –le sommet de l’innovation et des startups émergentes Afrique Europe – il est venu l’honorer dès l’Édition 2019, où il annonçait avoir concrétisé son engagement en un an seulement ! Cet outil juridico-politique, inauguré sur le continent par la Tunisie en 2017, permet aux entrepreneurs d’être soutenus tout au long du difficile parcours qu’est la création d’entreprise. Pour Papa Amadou Sarr, cela était essentiel. Selon lui, il faut donner les moyens législatifs et financiers à ceux qui osent entreprendre, osent innover et osent croire en leurs talents. Il a ainsi déjà investi 60 milliards de CFA (90M€) dans ces jeunes entrepreneurs depuis la création de sa Direction il y a deux ans. Et si elle les accompagne financièrement, la DER propose également de soutenir les entrepreneurs dans leurs tâches quotidiennes, que sont la gestion de leur entreprise, le marketing ou encore la stratégie de communication.
« Notre ambition est de créer le plus grand incubateur d’Afrique de l’Ouest. Et ce projet est déjà lancé ! En réaction à l’élan entrepreneurial qui est apparu lors de l’épisode Covid, la DER a commandé un FabLab complet pour que nos entrepreneurs aient les technologies et le matériel nécessaires pour créer des solutions africaines aux problèmes du continent. Nous voulons aider nos jeunes pousses à innover et pour cela nous investissons !»
Papa Amadou Sarr
Mais au Sénégal, ce n’est pas seulement la DER qui cultive l’esprit d’entreprendre. Elle peut compter sur un système universitaire fiable et solide, qui forme et donne aux jeunes les moyens de se lancer. Ainsi selon Omar Cisse « tout part de la formation ». Pour qu’une entreprise soit viable, il faut des gens formés et convaincus d’être assez talentueux pour y arriver. C’est pour cela que le ministre Papa Amadou Sarr, en partenariat avec l’école Polytechnique de Dakar, l’Université virtuelle du Sénégal et un réseau de Grandes Écoles, souhaite développer une fibre entrepreneuriale chez les jeunes. Il la considère essentielle pour voir émerger des solutions africaines pour l’Afrique. C’est donc un véritable travail en commun avec tous les acteurs de la société qui est nécessaire, pour faire naître des champions.
« Les startups sénégalaises peuvent bénéficier d’un cadre propice à leur développement avec un système éducatif de qualité, et des organismes publics, comme la DER qui les soutiennent et les financent à des niveaux encore jamais vus ! »
Omar Cissé
Comme le montre la suite de la Keynote, le profil d’Omar Cisse est en cela le parfait exemple de la réussite à la Sénégalaise. Pur produit du système sénégalais, il s’est lancé dans l’entrepreneuriat dès sa sortie de l’École Polytechnique de Dakar. Non pas parce qu’il avait une formation en business ou en économie, mais parce qu’il était passionné et croyait en sa capacité à réussir dans le milieu. Le Serial entrepreneur revient sur son parcours : en 2001, aucune structure n’existait pour soutenir ce genre d’initiative et pourtant, cela ne l’a pas découragé. Rapidement après avoir créé une première entreprise, il lance son incubateur pour construire un modèle entrepreneurial et proposer des sources de financements aux créateurs. Car l’accompagnement ne suffit pas si les fonds ne suivent pas ! Avec Terra Capital, il a créé un nouvel outil de financement, qui vient prendre le rôle de ces banques qui n’accompagnent pas les jeunes. Aujourd’hui, toujours aussi passionné, il compte étendre sa solution à l’Afrique entière. Sa société InTouch est présente dans 7 pays d’Afrique et prévoit de s’exporter dans 30 autres ! Omar est ainsi devenu une icône du business au Sénégal. Le ministre renchérit : « C’est exactement pour dénicher des personnalités comme celle d’Omar Cisse que la DER investit dans les jeunes ».
En guise de conclusion, les deux hommes évoquent l’actualité mais se projettent surtout vers l’avenir. La détermination des jeunes entrepreneurs mise en avant par Omar Cisse, elle est d’autant plus importante dans le contexte actuel. Le Chef d’entreprise insiste : il est difficile de faire du business en Afrique et entre les problèmes de devises et de frontières, il faut vouloir surmonter ces barrières et trouver des solutions pour se développer. Mais il en est convaincu, l’entreprenariat fera tomber ces obstacles.
« Pour que je puisse faire des transferts d’argent entre InTouch au Sénégal et ma filiale en Guinée, je dois nécessairement passer par la France ! Le problème des devises l’exige. »
Omar Cissé
L’entreprenariat doit être un investissement à long terme. Continuer de développer celui-ci permet certes de créer emplois et richesses, mais garantit également la paix. Car Papa Amadou Sarr n’a pas oublié les enjeux politiques de l’investissement en Afrique, et Omar Cisse le rejoint sur ce point : c’est en créant des opportunités au Sénégal, de financement et d’emploi, que les africains resteront sur le continent. Pour le directeur général de la DER, il faut créer un espace de cofinancement entre les deux continents, pour créer de l’emploi, bâtir des infrastructures et garantir financement, formation et opportunités aux jeunes. Cette vision stratégique, c’est celle qu’a adopté le Sénégal, et elle nous promet de belles réalisations !