Kenya Tech #1/3 : Pour Francis Mugane (Visa), « le prochain M-Pesa naîtra de l’alliance entre banques et startups »

Propos recueillis par Samir Abdelkrim à Nairobi, Kenya.

Retrouvez le premier volet de notre série Kenya Tech avec ici Francis Mugana, directeur Merchant Sales & Solutions au sein du groupe Visa pour le continent africain. Nous avons rencontré Francis Mugane à Nairobi à l’occasion du premier Visa Bootcamp organisé à Nairobi en partenariat avec l’accélérateur hong-kongais NEST et METTA Nairobi, dont l’antenne africaine et dirigée par Aaron Fu. 10 startups africaines et internationales (listes des entreprises plus bas) ont présenté leurs innovations et collaboré durant 3 jours avec les représentants d’une dizaine de grandes banques africaines. Objectif : imaginer et co-créer les produits financiers qui accéléreront l’inclusion financière des africains. Rencontre Francis Mugana, financier venu lui même du monde des start-ups avec la jeune pousse kenyanne Kopo Kopo, le « M-Pesa du paiement Business to Business » où il était en charge du busines development jusque juin 2015 avant de rejoindre le groupe Visa.

Aron Fu, manager de NEST Nairobi

Pourquoi avec réuni 10 startups fintech et plusieurs banques africaines au cours de ce bootcamp ?

Les startups et les banques ont besoin les unes des autres. Avec cet événement, nous avons voulu imaginer ensemble des solutions qui créent de la valeur pour les clients, par exemple qui renforce la bancarisation des africains, affine la proposition de valeur des banques grâce à de nouveaux modèles économiques innovants ou bien améliore les services digitaux proposées par les banques à leurs utilisateurs. C’est pour cette raison que nous avons organisé cet événement avec NEST Nairobi pour réunir 10 startups africaines et plusieurs banques africaines et européennes. Ce qu’il y a de nouveau, c’est que les banques ont joué le rôle de mentor auprès des startups et nous sommes très heureux car habituellement les banques hésitent à travailler avec les startups. Or durant trois jours, ces deux univers ont appris à se connaître, à imaginer des solutions ensemble et vont travailler ensemble dès demain pour co-créer de nouveaux produits pour les utilisateurs africains.

Pitch des startups durant le Bootcamp

Combien de banques ont accepté de jouer le jeu ?

10 startups africaines ont fait le déplacement ainsi qu’une dizaine de banques soit kényanes, soit africaines ou internationales. Par exemple Barclays, Family Bank, Citi Bank, Stanbic Bank, etc.

Pourquoi les banques, qui rappelons le ont tout fait ici au Kenya pour faire interdire sans succès M-Pesa (qui fête par ailleurs ses 10 ans) entre 2007 et 2010, sont aujourd’hui à la pointe de la disruption technologique autour des Fintech ?

Les banques n’ont pas le choix. Les startups sont déjà en train de réinventer la banque. Leurs innovations permettent de mettre au point des nouveaux produits qui correspondent à la façon dont les africains conçoivent la banque qui leur convient : mobile, agile et proche des réalités. Les banques ont vu que l’innovation a permis à des opérateurs télécoms comme Safaricom qui ont pris des risques importants de créer un immense marché qui n’existait pas il y a 10 ans. Aujourd’hui les banques et les startups ont, en tout cas au Kenya, de plus en plus d’intérêt à travailler ensemble car elles proposent des valeurs différentes. Les banques ont la masse critique, les datas et la connaissance du marché local. Les startups ont pour elle l’agilité et la capacité à imaginer des business model nouveaux, avec une rapidité d’exécution que les grands groupes n’ont pas forcément.

Les 10 startups africaines et européennes ayant participé au BootCamp VISA – NEST de Nairobi :

OkHI ( Kenya)

EATOUT (Kenya)

Kwanji (Kenya)

Overview Technologies (Belgium)

Lakt (Kenya)

SOKOWATCH (Kenya)

AjaLa Studios (UK)

Data Integrated (Kenya)

Bamba Pos (Kenya)

Lipisha (Kenya)

L’obligation de collaborer, c’est le constat que vous tirez après ces 3 jours de Bootcamp ?

Oui, et ce qui m’a frappé, c’est le fait qu’aucune startup n’est venu demander de l’argent ! Les 10 sociétés sont venues demander de la « data », de l’expertise, des connections avec les API des banques, l’accès aux clients. Bref de la collaboration, du concret. Je n’ai vu aucune slide demander de l’argent, mais du mentoring, de l’accès à de la « data », à du partenariat pour gagner du temps. Plusieurs banques ont déjà envoyé des signaux positifs et vont travailler avec les startups qui leur proposeront de bons « proof of concepts » afin de codévelopper des produits innovants ensemble.

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