EMERGING Valley : Comment le LAB d’intelligence collective « Biodiversité 2.0 » veut mettre le digital au service du Vivant sur l’axe Euro-Med-Afrique

Dans le cadre de la 4ème Edition du Sommet EMERGING Valley organisé depuis le territoire de Aix-Marseille les 7 et 8 avril derniers, les startupers, chercheurs, bailleurs, et institutionnels engagés dans le protection de la biodiversité s’étaient donné rendez-vous pour un moment de réflexion et de partage privilégié. En partenariat avec le département des Bouches du Rhône, l’IRD et SoScience, une vingtaine de participants issus d’une dizaine de pays avaient été invités pour une demi-journée de travail sur le thème de la biodiversité 2.0 et sur la manière dont la coopération entre recherche, secteur privé et startups peut se réinventer au lendemain de la crise sanitaire. Les conclusions de ce Lab d’intelligence collective ont ensuite été restituées par M. Réault, vice-président du CD13 et Président du Parc National des Calanques, dès le lendemain sur scène, lors de la plénière biodiversité du Sommet EMERGING Valley. Retour sur 3h de travail intense et riche en propositions.

Synthèse par Philippine LECLERC et Team StartupBRICS

Un temps fort du Sommet EMERGING Valley : le Lab du Département des Bouches-du-Rhône

Pour la deuxième édition consécutive, le département des Bouches du Rhône a tenu à renforcer son engagement au profit des sujets environnementaux lors d’EMERGING Valley avec le Lab d’intelligence collective Biodiversité 2.0 qui était coorganisé avec l’Institut de recherche pour le Développement (IRD) et SoScience. Le sommet international qui réunit les écosystèmes tech et innovants des deux rives de la méditerranée sur le territoire de Marseille apparaissait comme l’occasion idéale de faire dialoguer entre eux les acteurs clés de la préservation environnementale. Un thème pilier de cette quatrième édition, placée sous le signe de la résilience. Au lendemain de la crise sanitaire et des questionnements qui en ont découlé (prévention des zoonoses, approche One Health, préservation des espaces naturels, développement des circuits courts etc…), les acteurs de la tech d’Europe et d’Afrique impliqués dans l’environnement doivent plus que jamais penser l’impératif environnemental et lui apporter des solutions innovantes. C’est dans ce contexte que startupers, incubateurs, représentants des collectivités locales, institutionnels, chercheurs et universitaires des deux rives se sont donné rendez le 6 avril pour 3 heures de co-création et de bouillonnement intellectuel intense.

Le ministère de l’Europe et des Affaires Etrangères, représenté à travers le cabinet de Mr l’Ambassadeur AMELLAL, délégué interministériel à la Méditerranée, a ainsi pu côtoyer à la fois les fondateurs de Ocean Hub Africa, un tech hub Sud-Africain engagé dans la sauvegarde des océans, et la Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard. La Société Générale, représentée par sa directrice du RSE et de l’innovation en Afrique, a pu rencontrer les chercheurs de l’IRD et la représentante du Fonds d’Innovation et de Développement. Le monde de l’Enseignement présent à travers l’école de commerce marseillaise KEDGE et l​’Université Cheikh Ahmadou Bamba de Saint-Louis, ont également pu travailler aux côtés des acteurs de l’accompagnement tels que ZEBOX, le Hacklab Afrique, le réseau Entreprendre pour la Planète ou encore le ICT4Dev de Côte d’Ivoire.

De multiples pistes à explorer

Le but de ce Lab d’Intelligence Collective était de rassembler des typologies d’acteurs divers aux profils hétéroclites, autour d’un sujet qui leur était sensible à tous, la biodiversité, et plus particulièrement la préservation des océans. Cette rencontre avait pour ambition de faire émerger des pistes de collaborations intersectorielles encore peu développées aujourd’hui, et pourtant nécessaires pour une action cohérente et puissante en faveur de la biodiversité. Et le potentiel d’efficacité de ces rencontres ne s’est pas fait attendre ! Les vingt participants à la matinée ont fait preuve d’une immense force de proposition, de volonté et de motivation.

Exercice 1 du Lab, Brainstorming par thématiques

La séance de travail a débuté par un tour de table lors duquel chaque participant a pu se présenter et partager son expertise sur la thématique abordée. La modération assurée par SoScience et appuyée de nos deux grands témoins, Patricia Ricard, Présidente de l’Institut Océanographique Paul Ricard et Sarah Toumi, membre du Conseil Présidentiel pour l’Afrique, a permis de poser les attendus et les grands enjeux de ce temps d’échanges à l’aube des Objectifs pour une Méditerranée Exemplaire de 2030. La session a ainsi débuté par un travail de brainstorming individuel lors duquel chaque participant avait la liberté de renseigner sur des post-its virtuels ses pistes de réflexion par sous-thématiques. Après ce moment de réflexion personnel, chaque thème a été passé en revue par le collectif et chacun a pu expliquer ses problématiques et les solutions envisageables. Expertises et connaissances, démultipliées par la présence des divers intervenants, ont servi ce premier exercice porteur d’une grande richesse de propositions. Tour à tour, chacun prenait la parole pour expliquer, questionner, répondre à toutes les propositions faites. Cet exercice s’est clôturé par l’identification de 8 grandes sous-thématiques et de leurs idées clés :

  • La sensibilisation, la formation, l’éducation : sensibilisation du grand public aux sujets de la préservation, identification de relais d’opinion et des cibles …
  • Les apports technologiques : faire le choix de la pêche traditionnelle, importance de la science comme guide, développement des biotech marines, importance des data et de leur accessibilité etc…
  • La réglementation pour renforcer et protéger les aires maritimes protégées : engagement des États à protéger 30% des océans d’ici 2030, développer des outils de gestion de ces espaces, privilégier les cycles de l’environnement plutôt que les cycles politiques, instauration de « no take zone » …
  • Les impacts visés et impacts positifs : développer une économie bleue responsable et durable, réduction de l’impact sur la terre, restaurer les services écosystémiques…
  • Les impacts visés en terme de biodiversité : importance de définir ce terme, et de le mettre au centre des enjeux, importance d’établir des outils de mesures, chercher des solutions fondées sur la nature….
  • Les impacts visés en terme de lutte contre la pollution : préservation et protection de la faune et de la flore marines, penser le lien entre terre et mer, limiter les déchets en amont…
  • Les impacts visés en terme de pêches durables et préservation des écosystèmes maritimes : impact de la destruction des fonds marins et de la prospection minière, pressions de la surpêche sur les milieux marins, importance de développer les labels de pêche durable et de généraliser les aires de protection maritimes…
  • Les impacts visés en terme de transport maritime : valorisation des circuits courts et des petits navires, optimisation des routes, développement du transport solaire électrique et des interactions entre bateaux et mégafaune marine (REPSET), réaménagement des ports …
  • La consommation et production responsables en Méditerranée : favoriser les approches écosystémiques, promouvoir le régime méditerranéen, développer la traçabilité des produits et les circuits courts…

Identifier les apports et les besoins des différentes parties prenantes : le 2e temps fort de la matinée

Exercice 2 du Lab, identification des apports et besoins de chaque parties

Une fois cette première partie de l’atelier terminée, les participants ont pu se retrouver en deux sous-groupes pour identifier les apports et les besoins de chaque acteur dans la lutte pour la préservation de la biodiversité. La collaboration entre les secteurs académique, entrepreneurial, institutionnel et politique a été identifiée comme la première chose à renforcer. La seconde étant de s’entendre sur le sujet d’étude et sur un langage commun entre ces différents acteurs. L’identification d’objectifs a également été soulevée, ainsi que la valorisation des opportunités qu’ils représentent.

 ChercheursEntrepreneursFinanceurs
ApportsAcquisition et diffusion de connaissances  Sensibilisation par la formationModèle économique pérenneProduits et services financiers Apport d’un réseau
BesoinsAccès au financement et à une assistance administrative Open Innovation pour ouvrir la RechercheFonds d’amorçage Zone d’expérimentation (afin de lever les freins réglementaires) Apport financiersSensibilisation pour mobiliser les parties prenantes

Une matinée d’échanges et de rencontres

La séquence de travail s’est finalement achevée après 3 heures d’intenses échanges et réflexions. Les expertises et parcours de chaque participant ont rendu les débats animés pendant lesquels les idées n’ont cessé de fuser ! Qu’ils soient chercheurs, financeurs ou startuppers, les invités se sont prêtés au jeu et ont chacun proposé de nombreuses pistes d’actions concrètes.  Leurs conclusions ont ensuite été présentées lors de la plénière dédiée à la Biodiversité qui avait lieu le lendemain sur la scène de EMERGING Valley. Didier Réault, vice-président du département, Patricia Ricard, Présidente de l’institut océanographique Paul Ricard, et Sarah Toumi, qui avaient tous participé au lab, sont chacun revenus sur les apprentissages qu’ils en avaient tirés. Ils ont ainsi pu donner de la visibilité à ce travail essentiel qu’est la collaboration intersectorielle dans la lutte pour la préservation de la biodiversité. Vous pouvez d’ores et déjà retrouver le replay de cette plénière ici.

Cette seconde édition du LAB d’intelligence collective marque une volonté conjointe d’action concrète qui s’inscrit naturellement dans les objectifs annoncés par les États lors du One Planet Summit et qui pourra résonner dès le sommet Afrique-France de Montpellier en juillet prochain, avant la prochaine étape du Dialogue des deux rives en novembre. La collaboration intercontinentale et intersectorielle a ainsi démontré son potentiel d’innovation pour débattre de solutions concrètes et pertinentes, un potentiel qu’il est nécessaire de cultiver pour faire face aux défis auxquels font, et feront face, l’Europe et l’Afrique.

Nous remercions chaleureusement l’ensemble des participants au Lab qui ont fait de ce moment la nouvelle pierre angulaire de la lutte pour la préservation de la biodiversité entre l’Europe et l’Afrique.

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