#Afrique : Pour Florent Youzan, on peut entreprendre et réussir grâce à l’Open Source

Rencontre à Alger avec Florent Youzan, speaker et expert ivoirien des logiciels libres venu partager son expérience durant le forum Algeria2.0 édition 2015. Ingénieur informaticien de formation, Florent Youzan s’est spécialisé en télécommunications et a axé son parcours sur l’intégration de solutions open source et des technologies libres après avoir travaillé pour différentes entreprises, il décide en 2010 de rompre son contrat pour créer une entreprise dénommée Doolawi Network – open solutions for business. Une startup qui accompagne les entreprises, les collectivités locales et en général tous ceux qui s’intègrent dans le business du numérique via des technologies libres. Travaillant aujourd’hui avec plusieurs structures sur Abidjan, dont le Tiers Lieu O’Village dont il est l’un des cofondateurs. Mais aussi à l’international (dans la région bordelaise notamment), il souhaite montrer comment les technologies libres et en général l’open source peuvent aider les jeunes entrepreneurs ivoiriens et africains à se faire une place dans entrepreneuriat numérique.

Quelles solutions techniques apportes-tu aux entrepreneurs ?

En général pour les entreprises qui veulent par exemple développer des plates-formes d’hébergement, nous leur conseillons des technologies libres : notamment par des serveurs qui tournent sur des systèmes d’exploitation libres et open source. Nous leur montrons ainsi comment des serveurs web comme “engines” qui est un peu plus évolué techniquement que apache 2 (aussi libre) peuvent leur permettre de mettre en place ces plate-formes web à forte audience – des plates-formes web qui requièrent beaucoup plus de stabilité technique – nous leur montrons aussi comment des logiciels qui ont déjà été développés sous licence libre peuvent être réutilisées et réadaptées dans leur quotidien. Le but, s’appuyer sur des briques logicielles libres qui existent pour concevoir des plates-formes et leurs infrastructures techniques leur permettant d’avancer dans l’élaboration de leur métier.

Quels avantages ont-ils à privilégier les logiciels libres ?

Un des avantages du logiciel libre est la possibilité de faire en sorte que la technologie ou l’infrastructure s’adapte au métier de l’entreprise et c’est ce qui constitue notre quotidien. Ainsi il faut en général écouter le métier du client, comprendre ses besoins, pour savoir là où il souhaite aller. Puis nous trouvons le logiciel ou l’ensemble de briques logicielles qui peuvent donner une solution appréciable pour cette entreprise. Puis on reconditionne, on réadapte pour que l’entreprise puisse à moindre coûts définir une technologie fiable et efficace.

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Chaque jour est donc nouveau ?

Oui chaque jour est un nouveau défi car on écoute un nouveau besoin et cela nous permet de trouver le logiciel ou la technologie libre qui va avec et nous permettant de trouver des solutions.

À quelles difficultés as-tu déjà été confronté ?

Pour tout entrepreneur il y a des difficultés, tout au long de son parcours, ces dernières sont souvent tellement fortes qu’on a, à un moment donné, envie de s’arrêter. Mais il faut se dire que cela fait partie de la vie. Beaucoup disent que l’entrepreneuriat est un parcours du combattant, je dirais plutôt que entrepreneuriat c’est une vie, donc il faut la vivre avec ses difficultés, ses hauts et ses bas mais toujours avoir en objectif la cible que l’on s’est fixé. Il faut aussi avoir en objectif la mission que l’on s’est accordé à soi-même et à tous ceux qui seront demain nos clients.

Donc c’est vrai que l’on a rencontré beaucoup de difficultés, mais on avait choisit d’entreprendre dans le numérique et il fallait ainsi que l’on trouve les voies et moyens d’aller jusqu’au bout, c’est notre premier challenge. Je pense que les difficultés sont faites pour être surmontées ; c’est parce qu’il y a des solutions qu’on dit qu’il y a des difficultés.

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Concernant l’open source, comment encourager l’altruisme et le partage ?

J’ai eu de la chance de bénéficier de beaucoup de conseils et de beaucoup d’intelligence dans le domaine de l’open source ; et je me dit qu’en étant aussi entrepreneur dans ce domaine, ce que je reçois, ce que j’ai reçu et ce qui m’a permit aujourd’hui de rester dans le champs des actions, c’est parce que j’ai bénéficié de ces conseils, de l’encadrement d’autres leaders de l’open source. Je me dois ainsi en retour de partager également ce que j’ai reçu.

Il s’agit d’une dynamique de vie, une autre dynamique entrepreneuriat qui est axée sur l’intelligence collective et sur le partage.

Je comprends que certains disent qu’on ne peut pas faire de l’argent avec de l’open source ou avec du partage mais en réalité l’open source possède aujourd’hui son propre modèle économique et ce qui a de bien c’est que celui-ci évolue et il est remodelé constamment par cette intelligence collective. Cette communauté qui réfléchi au quotidien sur un modèle économique, s’adapte et c’est selon moi la force des logiciels libres et de l’open source.

Quel était l’objectif de venir ici à Algeria 2.0 ?

Je suis venu ici à Alger dans un premier temps pour partager mon expérience et surtout pour bâtir des ponts. Car je reste convaincu que les ponts sont plus solides que les murs, et il ne sert à rien de construire des murs pour conserver une idée. Il faut ainsi réussir à créer ces ponts pour partager l’expérience et la connaissance ; je suis donc là pour montrer aux entrepreneurs algériens ce que j’ai pu réaliser, ce que je suis en train de réaliser et ou je veux aller et ainsi savoir quels sont ceux qui sont prêts à m’accompagner et à échanger avec moi sur toute cette dynamique et surtout trouver le moyen de marcher ensemble.

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Quels sont tes projets d’expansion?

Les projets dans l’immédiat c’est de pouvoir travailler sur des missions avec des entreprises algériennes et donc arriver à faire en sorte que je puisse m’appuyer sur des compétences locales  pour pouvoir conduire ensemble ces projets à bon port. D’ou l’importance selon moi du réseau, car tout seul on a une idée, une vision, une manière de conduire, un projet, mais à deux ou à trois on a une meilleure coloration de ce qu’il faut faire pour avancer, et je pense qu’ici en Algérie je peux bénéficier de l’intelligence et d’une expertise constructive.

As-tu des conseils pour un jeune entrepreneur ?

Il faut avoir à l’esprit, comme je disais, que entrepreneuriat est une vie et que tout seul, on avance peut être vite mais pas loin. Chez nous en Afrique on dit que si tu veux aller vite marche seul mais si tu veux aller très loin, marche avec les autres. Il faut donc que cette jeunesse qui entreprend en Algérie, s’entoure des personnes qui vont donner les outils pour permettre d’aller encore plus loin. Et cette vie est faite pour être vécue longtemps.

About Olivier Garin

Curieux et ouvert sur l’international, Olivier est issu d’une formation de journaliste. Il voue ainsi une grande passion à l’information au sens élargi du terme et s’intéresse de près aux pays émergents. Sa récente expérience au sein de Digital Business News, la Web TV des entrepreneurs de la French Tech, a réveillé son attrait pour les secteurs de la high-tech, de l’économie et de l’entrepreneuriat digital à travers le monde. Il a rejoint StartupBRICS où il est aujourd’hui Rédacteur Pays Emergents.