EMERGING Valley Edition 4 : La tech nigériane à l’avant-garde culturelle sur le continent

À l’occasion de la 4ème édition d’EMERGING Valley, qui se tenait à Marseille les 7 et 8 avril derniers, le sommet international des startups Europe-Afrique a consacré plusieurs de ses temps forts aux Industries culturelles et créatives du continent, fort de sa labellisation par la Saison Africa2020. Avec le soutien de l’Ambassade de France au Nigéria, EMERGING Valley a ainsi pu accueillir une e-délégation nigériane de haut niveau qui rassemblait M. l’Ambassadeur de France au Nigéria Jérôme Pasquier et les entrepreneuses nigérianes Ijeoma Onah, Biola Alabi et Bolanle Austen-Peters -trois femmes d’affaires engagées dans la mise en valeur du patrimoine culturel nigérian par le digital. Retour sur les atouts culturels d’un pays à l’avant garde de l’industrie culturelle africaine.

Ambassadrices de la culture et femmes engagées

Les Industries Culturelles et Créatives étaient cette année l’un des piliers du programme de EMERGING Valley. Labellisé Saison Africa2020, le sommet a fait le choix de valoriser les entrepreneurs de la culture qu’ils soient startuppers, producteurs ou chanteurs à travers plusieurs plénières, keynotes et ateliers. En partenariat avec l’Ambassade de France au Nigéria, EMERGING Valley a choisis de mettre à l’honneur ce géant économique, démographique et culturel au travers trois ambassadrices, grandes figures de la scène audiovisuelle nigériane: Ijeoma Onah, Biola Alabi et Bolanle Austen-Peters.

Le cinéma au service de la lutte contre les épidémies

La première intervention nigériane avait lieu jeudi 8 avril en clôture de la plénière e-santé, consacrée à la réponse africaine à l’épidémie de Covid-19. Ce choix de programmation était loin d’être anodin au vue du sujet traité par l’intervenante. Mme Bolanle Austen-Peters, à la tête de la société de production BAP Production, revenait en effet sur le film 93 days, qu’elle a co-produit en 2016. Récompensé par de nombreux festivals à travers le monde, le long-métrage retrace la gestion de l’épidémie d’Ebola à Lagos, et de cette prouesse mondiale réussie par le Nigéria qui avait alors réussi à endiguer la propagation du virus sur son territoire en seulement 93 jours. Une intervention forte et un témoignage vibrant du potentiel des industries culturelles et créatives et de leur capacité à sensibiliser les populations sur les épidémies.

« Avec ce film nous avons voulu montrer le pouvoir de l’art, sa capacité à transcender l’écran, son aptitude à sensibiliser le public à des causes sanitaires et sociales, et à partager des histoires proprement africaines avec le reste du monde. »

Bolanle Austen-Peters, fondatrice de Terra Kulture, et de BAP Production

Bolanle Austen-Peters est également la fondatrice de Terra Kulture, une organisation éducative et récréative créée en 2003 pour promouvoir la richesse et la diversité des langues, de l’art et de la culture nigériane. C’est aujourd’hui un hub culturel reconnu de Lagos, qui accueille expositions, lectures, projections ou encore vente aux enchères…

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La culture, au service de l’entrepreneuriat féminin

Le panel dédié à l’entrepreneuriat féminin accueillait le même jour madame Biola Alabi, femme d’affaire nigériane, investisseuse et réalisatrice. Avec plus de 20 ans d’expérience dans l’audiovisuel, elle est aujourd’hui à la tête d’une entreprise de conseil en média et production (Biola Alabi Media ou BAM) créée en 2015. Son entreprise fournit de multiple services aux stations de radiodiffusion, aux industries numériques et aux plateformes de distribution de divertissement. Ses statuts de rôle model et d’investisseur ont apporté au panel une expertise unique et déterminante dans le débat sur le financement des femmes entrepreneures. Selon elle, le nombre de femmes dans les entreprises est encore trop peu élevé, particulièrement dans le domaine de la tech, alors que le futur du continent repose en partie sur ce domaine d’activité. La présence de femme y est donc essentiel ! À ses yeux, la question est donc de savoir comment pousser les femmes dans cette voie, et comment les accompagner dans leur succès. Pour cela, il semble indispensable d’instiguer dans les programmes scolaires dès le primaire les notions d’entrepreneuriat, de maths et de sciences, pour qu’une fois diplômées, les jeunes femmes puissent se lancer dans l’aventure entrepreneuriale armées des bons outils. Mais cela doit aussi et surtout passer par une remise en question des investisseurs et des business angels : ces derniers doivent oser s’engager dans le financement des femmes, et les financer à la hauteur de leurs besoins.

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« Les femmes sont capables de gérer de gros tickets, il suffit que les investisseurs leur laissent l’opportunité de le démontrer ! Il est plus que temps qu’ils misent sur les femmes entrepreneures. »

Biola Alabi, Fondatrice de Biola Alabi Media

Les festivals, des rendez-vous pour l’Afrique et l’Europe

La troisième personnalité nigériane, Ijeoma Onah, est intervenue lors de la plénière intitulée « Industries Culturelles et Créatives : Moteurs d’inclusion pour les territoires Euro-Med-Afrique ». Fondatrice du Nigerian International TV summit (NITV) et du Nigerian International Film Summit (NIFS), Mme Onah est une experte de l’industrie audiovisuelle et de la distribution multiplateforme des contenus aux échelles locales et internationales. Les sommets NITV et NIFS, qui ont respectivement lieu à Paris et Los Angeles, permettent de valoriser les productions nigérianes et d’étendre la distribution des films de Nollywood à l’international. Ijeoma Onah participe ainsi activement au rayonnement de l’industrie nigériane, et africaine à l’étranger.

Si le contexte sanitaire l’a contrainte à annuler ses deux festivals internationaux, il n’a pas empêché la productrice de se lancer dans de nouveaux projets. La force du digital lui a en effet permis de créer le Film Business Hub, un programme d’incubation destiné à former les jeunes cinéphiles aux métiers autour du film (distribution, markéting, production, financement…)  qui rassemble des étudiants venant de plusieurs régions du Nigéria, et une équipe éducative internationale -en partie française. Au vu du succès de sa première édition et des besoins du terrain, un Film Business Hub Africa devrait être prochainement lancé. Il s’adressera ainsi à l’ensemble du continent.

« Je vois Marseille devenir un point de rendez-vous pour les productions africaines. Je compte d’ailleurs y organiser un événement l’an prochain, l’Afritell. »

Ijeoma Onah, fondatrice des NITV et NIFS

L’experte est également revenue sur les nombreux partenariats Nigéria-France qui ont vu le jour ces dernières années et qui sont très encourageants. Entre autres, elle a cité les cinémas Canal Olympia qui ont récemment ouvert une salle à Abuja, la collaboration entre une société parisienne et la société SuperTV qui créent ensemble  le premier service de streaming hors-connexion, ou encore le partenariat entre la startup française LAFAAAC et le groupe multimedia Wazobia qui développent un parcours de formation professionnelle aux métiers du cinéma.  

Retrouvez le replay de cette plénière ici

La diplomatie culturelle, une approche gagnante dans la relation franco-nigériane

Les interventions de ces expertes de l’audiovisuel ont ainsi démontré que la culture était autant un moyen qu’une fin en soi. Elle permet de rassembler, de raconter, de transmettre et d’enrichir quiconque s’en approche. C’est pour cette raison que la diplomatie française en a fait la pierre angulaire de sa politique étrangère. Monsieur l’Ambassadeur de France au Nigéria, Jérôme Pasquier, l’a expliqué dès le 7 avril sur la scène d’EMERGING Valley, dans sa Keynote dédiée à la coopération culturelle franco-nigériane.

« La dimension culturelle dans la diplomatie française n’est pas une nouveauté. C’est d’ailleurs l’une des spécificités de la diplomatie française par rapport à beaucoup d’autres pays. Nous avons depuis longtemps attaché une grande importance aux échanges culturels dans la mesure où la diplomatie culturelle ne veut pas seulement dire la promotion de la culture française à l’étranger mais aussi l’échange, c’est-à-dire la promotion des cultures étrangères en France. »

Jérôme Pasquier, ambassadeur de France au Nigéria

La France, plus encore que d’autres pays, attache une grande importance aux échanges culturels. C’est particulièrement le cas en Afrique et au Nigéria, qui est une des grandes puissances en termes de culture non seulement à l’échelle du continent, mais aussi à l’échelle du monde. Le pays domine en effet dans les mondes du cinéma, de la musique ou de la littérature. C’est pour cette raison, et dans la continuité du discours du Président de la République de Ouagadougou, que l’Ambassade de France à Abuja conduit un travail de coopération culturelle avancé : installation d’une Alliance Française à Lagos, rencontre avec les acteurs de la scène culturelle nigériane, développement de partenariats franco-nigérians etc… EMERGING Valley était ainsi l’occasion de donner de la visibilité à ces nombreuses initiatives, et le lieu idéal pour provoquer de nouvelles rencontres.

« Le Nigéria fait preuve d’un dynamisme extraordinaire qui est encore trop méconnu en France. »

Jérôme Pasquier, ambassadeur de France au Nigéria

Une collaboration à renouveler

La participation inédite de monsieur l’Ambassadeur, de Ijeoma Onah, Biola Alabi et Bolanle Austen-Peters a été unanimement appréciée, et a contribué à la richesse des débats. Aux côtés d’une délégation de startups et d’investisseurs de renom tels que Tomi Davies, ils ont ainsi porté haut les couleurs du Nigéria au cours d’EMERGING Valley, démontrant le statut de leader culturel continental du pays et toute la pertinence des industries culturelles et créatives comme levier d’une relation Afrique-Europe renouvelée. Des contenus inspirants et riches en propositions qui ont fait de cette conférence un superbe succès !

Retrouver les interventions nigérianes sur notre chaine Youtube.

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