Pour la 5ème année consécutive, du 13 au 17 septembre 2016, la ville du Havre a accueilli le Forum de l’économie positive. Organisé pour la première fois sur 5 jours, il a été le théâtre de plus de cinquante rendez-vous d’échange (conférences, débats, ateliers participatifs, etc.) gratuits et accessibles à tous. L’ambition de cet événement inspirant : participer à la construction d’une société positive, qui réoriente l’économie vers la prise en compte de l’intérêt des générations futures. Par Morgane Ajzenberg, community builder StartupBRICS.
200 personnalités ont répondu à l’invitation d’Edouard Philippe, Maire du Havre, Député de la Seine-Maritime et de Jacques Attali, Président de la Fondation Positive Planet. Parmi eux, Salman Rushdie, figure de la lutte pour la liberté d’expression, le designer Christian Lacroix, au cœur d’un projet de mode solidaire, le Docteur Mukwege « l’homme qui répare les femmes », Susan George, Présidente d’honneur du mouvement altermondialiste Attac France, Emmanuel Druon, pionnier de l’écolonomie, Edgar Morin, sociologue et philosophe, et beaucoup d’autres !
Innovation, entrepreneuriat et Afrique étaient à l’honneur de la deuxième journée des rencontres. Nous y étions !
Entouré d’entrepreneurs et d’acteurs qui bâtissent les écosystèmes du continent, Samir Abdelkrim nous éclaire sur l’émergence de startups positives, emblématiques du développement économique et humain africain. Il prend la parole pour mettre une nouvelle fois en lumière la vitalité d’une Afrique multiple et entreprenante, avant de la laisser à quatre intervenants de renom.
Jean-Luc Vovor, CEO de Kusuntu Partners, insiste sur la nécessité de promouvoir l’esprit entrepreneurial auprès des étudiants. Il imagine un modèle de formation hybride, entre école de commerce et incubateur, où les élèves passeraient naturellement de la théorie à la pratique, accompagnés par des professeurs compétents et des entrepreneurs chevronnés. « Permettre aux jeunes africains de s’investir au quotidien dans un projet de création d’entreprise, c’est leur donner l’opportunité de s’assurer un avenir et de participer efficacement à la mutation d’une économie émergente en effervescence. »
On ne compte plus le nombre de structures d’accompagnement à l’entrepreneuriat qui voient le jour à travers le monde ces dernières années. L’Afrique n’est pas en reste, avec pas moins de 33 incubateurs et pépinières en Tunisie, 12 en Egypte, 10 au Sénégal et au Nigéria, etc.
Preuve de ce dynamisme en marche, le « Programme Afrique Innovation » (PAI), initié par l’Agence Française de Développement, vise à renforcer les capacités d’accompagnement et de financement des structures dédiées aux porteurs de projets en Afrique Francophone. Christian Jekinnou coordonne ce programme et nous rappelle l’importance de favoriser des stratégies de coopération et l’émergence d’entreprises panafricaines. Le PAI s’inscrit dans une démarche de co-construction transfrontalière. Il est porté par trois incubateurs partenaires : Bond’innov (France), le CTIC Dakar (Sénégal) et le CIPMEN (Niger).
Grandes entreprises et Etats trouvent aussi leur place au coeur de ces nouvelles formes de collaborations. Ludovic Centoze, directeur du projet « Orange for Development » a participé activement à la construction du CTIC Dakar et du CIPMEN : « Orange est un acteur important de la vie économique et doit jouer son rôle : amener, grâce à notre pouvoir d’attraction, les grands acteurs des secteurs privé et public autour de la table pour mettre en place une gouvernance saine et inclusive. L’alliance de la société civile, privée et gouvernementale est fondamentale pour assurer une rupture avec le passé. Ce type de gouvernance est déjà une innovation en soi. »
Omar Cissé, fondateur du CTIC Dakar, confirme que les partenaires privés, à l’instar d’Orange, sont « des acteurs importants de l’écosystème que nous voulons bâtir« . Il formule le souhait d’une solidarité accrue en Afrique, mise au service de l’innovation et de projets entrepreneuriaux d’envergure.
Les panelistes s’accordent à dire que l’essor d’une économie positive en Afrique, porteuse de sens et de progrès économique et social, s’appuie avant tout sur la volonté partagée, à l’échelle du continent et de ses différents niveaux d’influence, d’une économie collaborative.
Découvrez prochainement l’interview d’Almokhtar Allahoury, Directeur Général du CIPMEN, lui aussi présent au Forum de l’Economie Positive, deux ans après sa première rencontre avec l’équipe StartupBRICS au Niger. Almoktar reviendra sur les enjeux d’une collaboration panafricaine pour l’innovation et nous présentera l’événement « Sahel Innovation » de la rentrée 2017, où seront réunis des représentants de sept pays de la sous-région pour amorcer une réflexion sur leurs enjeux communs.