Anciens étudiants d’HEC Paris, Paul Knoery et Gilles Lecerf spécialisé en Sustainability and Social s sont lancés dans l’aventure entrepreneuriale en mettant leurs compétences au service du développement du financement participatif des PME et startups africaines avec leur société, Iroko Project. Et plus particulièrement du crowdlending – le financement par la dette rémunérée, une technique qui permet aux sociétés de recourir à l’endettement sans passer par la case banque, c’est à dire en sollicitant directement des prêts auprès des particuliers, pour des crédits entre 10 000 et 150 000 euros. Une innovation financière dans le panorama ouest-africain de l’accès au financement des entreprises privées. Interview avec les deux fondateurs.
En quoi consiste Iroko Project ?
Avec un ami, nous développons Iroko project, la première plateforme de financement participatif en dette rémunérée (crowdlending) pour les PME d’Afrique de l’ouest. Après une étude de faisabilité réalisée en avril-mai au Sénégal et en Côte d’Ivoire, dans le cadre de notre dernière année à HEC Paris, nous sommes revenus à Dakar en octobre 2016 pour développer notre activité.
La phase test a pour objectif la mise en place et le suivi de 3 crédits d’environ 30 millions de FCFA chacun. Dans ce contexte, nous avons rejoint l’incubateur de Cofina et avons noué différents partenariats avec des protagonistes de l’écosystème des PME (notamment Adepme, BMN, BNDE). Si cette phase est concluante nous voulons nous développer au Sénégal et profiter de l’intégration régionale pour démarrer dans d’autres pays, comme la Côte d’Ivoire.
Quelle est l’origine d’Iroko Project ?
Notre point de départ a été une mission de 6 mois autour du chômage des jeunes dans les pays émergents où nous avons découvert le rôle déterminant du développement des PME dans la création d’emplois. Dès septembre 2015 nous avons débuté à travailler sur le soutien aux PME en Afrique de l’ouest francophone dans le cadre de notre Master 2. Nous avons rapidement orienté notre travail autour de l’accès au financement (et de la fameuse notion de « missing middle ») et notamment autour de l’opportunité du financement participatif.
Quel est votre business model ?
Iroko project est la première plateforme de crowdlending en Afrique de l’ouest. Notre objectif est double : proposer une solution innovante de financement aux PME de la région et également un produit d’épargne performant aux particuliers. Ceux-ci ont en effet la possibilité de prêter directement leur épargne à des PME (à des taux d’environ 10% / an). Nous nous rémunérons via une commission de 4,5% supportée par la PME. En revanche, nous n’attendons pas de la PME qu’elle fournisse de garanties financières. Notre modèle repose sur des synergies avec des tiers de confiance qui nous fournissent des dossiers sérieux de PME.
Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés ?
Notre problème principal a été de nous adapter au cadre réglementaire ouest-africain (notamment les régulations de la BCEAO) qui n’ont pas encore réalisé les adaptations nécessaires à ce mode de financement. Deux obstacles sont majeurs : le monopole bancaire du crédit et l’appel public à l’épargne. Notre objectif a donc été de définir un modèle opérationnel qui fonctionne, malgré le cadre actuel. L’objectif de notre phase pilote est donc de tester la viabilité de ce modèle inédit.
Quels sont vos besoins actuels ?
La réussite de notre projet tient à deux éléments majeurs :
– augmenter le nombre de partenaires « tiers de confiance » qui sont la source de notre sourcing de projets. Aujourd’hui nous travaillons avec l’ADEPME, le BMN et Teranga Capital mais nous souhaitons nouer davantage de partenariats de ce type. Chaque dossier transmis par ces institutions est ensuite analysé par nos équipes et mis en ligne, ou non, sur notre plateforme.
– augmenter notre base de prêteurs dans le but d’augmenter notre volume de crédits. Pour cela, nous avons besoin d’intégrer les réseaux de particuliers susceptibles d’être intéressés par ce produit d’épargne. Nous visons donc un public professionnel, averti sur les produits financiers et possédant un minimum d’épargne.
Nous cherchons également à mobiliser les diasporas (avec la conditions qu’ils possèdent un compte en FCFA) afin qu’ils participent au développement des PME de leur pays d’origine.