Dans la course à la création de start-ups, la Chine bat largement les Etats-Unis. C’est en effet ce que révèlent le Centre National de Sondage et de Recherche de l’Université de Renmin, l’Institut Qianhai Management Capital et le groupe de conseil aux entreprises Shanghai Huihang dans une étude publiée début mars et reprise notamment par le China Daily. Une analyse de Laurence Lam, experte business Chine, au sein du cabinet Daxue Conseil et contributrice StartupBRICS.
Dans 21 villes chinoises, le nombre de start-up pour 100.000 habitants dépasse ainsi celui de Miami, la ville des Etats-Unis où la densité d’entreprises nouvellement créées était au plus haut en 2015. Au total, les créations d’entreprises ont augmenté de 21,6% entre 2014 et 2015, atteignant 4,4 millions, selon les données du Conseil d’Etat chinois. Mais quelles sont ces villes si entrepreneuriales ? Tour d’horizon.
Note : dans la suite du document, le nombre de start-ups nouvellement créées en 2015 est systématiquement exprimé pour 100.000 habitants.
Zhuhai
Avec 2.822 nouvelles entreprises en 2015, cette ville côtière du Sud de la Chine est celle où la densité de création d’entreprise est la plus élevée du pays. Elle doit en partie cette première place à sa situation géographique : située dans le Guangdong, la région la plus riche de Chine, Zhulai longeMacao et fait face à Hong Kong et Shenzhen. Son développement économique a été accéléré au début des années 1980 avec sa classification en tant que zone économique spéciale. Aujourd’hui, les nouveaux entrepreneurs de Zhulai sont ses étudiants. Ils sont de plus en plus nombreux à lancer leur start-up de l’autre côté de leur campus depuis que la région a réduit les impôts sur les entreprises crées par des jeunes diplômés.
Pékin
Selon une autre enquête effectuée par le Centre National de Sondage et de Recherche de l’Université de Renmin et citée par le Wall Street Journal, plus de 30% des 2.100 entrepreneurs interrogés estiment que la capitale chinoise constitue le meilleur environnement pour lancer sa start-up. Et en effet, Pékin comptait 2.250 nouvelles entreprises en 2015. Plus précisément, c’est le quartier de Haidian, dans le nord-ouest de la ville, qui attire les entrepreneursdans ses seize incubateurs de niveau national. Il faut remonter à la fin des années 1980 pour que ce quartier, alors essentiellement connu pour ses revendeurs de matériel électronique, soit établi première zone high-tech du pays et se mute en nouvelle Silicon Valley.
Canton
Capitale de la province de Guangdong, Canton n’est pas en reste derrière Zhuhai. En 2015, la troisième ville la plus riche de Chine en terme de PIB a vu la création de 2.107 entreprises. De façon générale, le coût de la vie y est moins cher qu’à Shanghai, Pékin ou encore Hong Kong. Pour les entrepreneurs en particulier, il existe à l’heure actuelle moins de sources de financement à Canton que dans ces trois villes (et notamment Pékin), estime Carel van Apeldoorn, entrepreneur basé à Canton et interviewé par e27. En revanche, le coût opérationnel pour une start-up y est moindre qu’à Hong Kong, confie-t-il. Enfin, la consommation est particulièrement dynamique dans la capitale de Guangdong, en croissance de 15,2% entre 2013 et 2014 et la ville constitue l’un des principaux centres de production automobile du pays (notamment avec la présence des joint-ventures de Toyota, Nissan et Honda).
Shanghai
Si les entrepreneurs de l’Internet se tournent historiquement vers Pékin, ceux des secteurs finance et life style (dont la restauration ou l’hôtellerie par exemple) choisissent plutôt Shanghai, la ville la plus cosmopolite de Chine et première place boursière du pays. C’est en effet vers ces deux secteurs qu’ont été dirigés la majorité des investissements observés au premier trimestre 2015. Et sur l’année, ce sont 1.750 start-ups que l’économie de la mégalopole de 23,5 millions d’habitants a drainé.
Shenzhen
Depuis son ouverture en tant que zone économique spéciale en 1979, Shenzhen ne cesse d’attirer lesentrepreneurs. C’est notamment là que ce sont installés les fondateurs de Tencent (groupe spécialisé dans les services Internet et mobiles et la publicité en ligne) et de Huawei et ZTE, fournisseurs en composants électroniques des deux premiers opérateurs téléphoniques chinois China Telecom et China Mobile. Aujourd’hui, la proximité des usines de matériel électronique, telle que le géant Huaqiang Electronics World, continue d’intéresser les entrepreneurs, tandis que les coûts opérationnels y sont plus faibles qu’à Hong Kong, ville limitrophe. Ainsi, l’an passé, 1.678 entreprises ont vu le jour.
Nankin
Capitale du Jiangsu, à l’Ouest de Shanghai, Nankin joue au coude à coude avec la première puissance économique de la région, Suzhou. Mais en matière de densité de création d’entreprises, Nankin dépasse sa rivale avec 1.109nouvelles pousses. C’est peut-être le résultat de la « Stratégie Nankin 321 » lancée en 2013 avec l’objectif d’attirer 3000 entrepreneurs leaders dans des technologies de pointe d’ici à 2018.Historiquement, la ville est reconnue pour sa production pétrochimique, acier et automobile et l’innovation est désormais le mot d’ordre dans tous ces domaines. Les diverses zones spécialisées de la ville (notamment le parc industriel Baixia High-Tech) bénéficient de la proximité des nombreuses et prestigieuses universités dédiées à la technologie de pointe et à l’innovation.
Suzhou
C’est de cette ville toute proche de Shanghai que viennent 65% des souris d’ordinateurs vendues dans le monde et un quart des ordinateurs portables. Depuis 2009, son chiffre d’affaires industriel est en croissance de 25 % par an grâce à une spécialisation notamment dans l’électronique, le textile, la métallurgie et la chimie. Suzhou a notamment bénéficié d’une joint-venture avec Singapour pour créer un parc industriel de la haute technologie dans les années 1990. Cet environnement industriel continue d’attirer des entrepreneurs, avec 1.015 créations d’entreprises l’année passée.
Xiamen
Située sur la côte Sud de la Chine, dans le Fujian, Xiamen gagne du terrain dans la course aux start-ups. En 2015, 767 jeunes pousses voyaient le jour. Jusqu’ici, la ville était surtout réputée pour son industrie électronique, avec des entreprises comme Dell, Lenovo, Prima TV ou Amoi Electronics pour investisseurs. Mais aujourd’hui, Xiamen est le lieu d’implantation de plusieurs start-ups qui montent. Parmi elles, Meitu, une application mobile de retouche photo qui a conquis 800 millions de personnes, ou encore la plateforme de jeu 4399 désormais cotée en Bourse.
Ningbo
Dans cette ville du delta de la rivière Yangtze, l’innovation et l’entreprenariat sont à l’honneur. En juillet 2015, le gouvernement local a en effet annoncé son objectif de construire cent espaces « d’entreprenariat de masse » et de services aux entreprises industrielles d’ici à 2020. A court terme, il s’est engagé à subventionner les structures de ce type déjà existantes. Une bonne nouvelle pour les 606 entreprises lancées cette année. Cette ville portuaire est par ailleurs une zone d’investissements étrangers direct privilégiée avec la présence, entre autres, de Schneider et d’Akzo Nobel.
Wuhan
Enfin, Wuhan, l’une des villes les plus importantes du centre de la Chine, au confluent des fleuves Yangtze et Han, attire notamment les entrepreneurs pour la qualité de ses universités. Pas moins de 85 institutions d’enseignement supérieur y sont en effet recensées et la ville a vu la création de 505 entreprises en 2015. Cependant, ce n’est pas assez pour les autorités locales, qui ont lancé la campagne « Talents du Hubei, revenez » en promettant 7,85 millions de dollars d’investissement par an dans l’innovation et les parcs industriels.