Rencontre cette semaine avec Cédric Donck, qui vit entre l’Europe et l’Afrique. Entrepreneur passionné, il est depuis 2010 Business Angel professionnel et a investi dans une dizaine de startups internet tant à Bruxelles, à Paris qu’à Madagascar, à l’image de la startup franco-malgache Smartelia. Il est également fondateur de l’incubateur NewcoPark et de l’ONG Adanso qui ont pour vocation de promouvoir l’entrepreneuriat en Afrique. Cédric, a par ailleurs conçu une méthode d’aide à la conception et à la validation de Business plans pour aider les startupeurs à donner vie à leurs projets. Cédric nous livre également sa vision des écosystèmes startups en Afrique dans les 10 prochaines années.
Hello Cédric ! Vous avez conçu une nouvelle méthodologie pour aider les startupeurs à construire et améliorer leurs business models, la méthode Pimento Map. Pouvez vous nous en dire plus ?
La méthode Pimento Map est une méthode qui sert à valider des business plans une fois qu’ils sont établis. La méthodologie Pimento Map intervient juste après la méthode du Business Model Generation : une fois que les 9 blocs du Business canvas sont remplis, à ce moment là intervient l’outil Pimento Map qui s’articule autour de 18 questions. Ces questions doivent être remplis en ligne sur notre site, et la réponse à ces questions donnent au porteur de projet un score. Ce score revêt à la fois une dimension générale (quelles sont les chances de succès) mais donne également un score sur des éléments particuliers ainsi que des conseils en fonction des résultats obtenus. Pour résumer, disons que le Business Model Generation permet de concevoir un modèle d’affaire, Pimento Map permet de valider que ce que l’on a conçu et parfois d’évaluer plusieurs possibilités et de faire des hiérarchies, et enfin le Lean Startup (ou effectuation) est plus dans l’implémentation après validation. Donc Pimento Map se situe vraiment le Business Model Generation et le Lean Startup.
En tant qu’entrepreneur et Business Angel, vous investissez dans de nombreuses startups africaines et notamment à Madagascar. Quelle est votre vision de l’écosystème startup en Afrique en général ?
Cela maintenant 5 années que je me rends très régulièrement en Afrique, en particulier au Burkina Faso et à Madagascar où j’ai créé deux ONG de soutien à l’entrepreneuriat : Adanso et NewcoPark. Je suis également très actif en tant que business angel et j’appuie pas mal de startups web sur place. Ce que je vois sur le terrain, c’est un vrai dynamisme entrepreneurial en Afrique, un écosystème bouillonnant de startups qui commence à se constituer. Comme la pénétration internet et la vitesse de bande passante correspond à celle qu’on avait en Europe il y a 8 ans, il y a pas mal de business models qui ont montré qu’ils étaient viables en Europe et qui n’ont pas encore été éxécuté correctement en Afrique. Le potentiel de création de startups en Afrique est donc énorme sans chercher à réinventer l’eau chaude : appliquons simplement ce qui a marché en Europe, en l’adaptant aux spécificités africaines.
Comment les choses évoluent à Madagascar au niveau de l’entrepreneuriat internet ?
A Madagascar, on observe la constitution de groupes de jeunes entrepreneurs qui se rassemblent un peu sur le modèle du Camping en France, avec des espaces de coworking qui se créent dans la capitale Antananarivo, lieux où des profils commerciaux, managériaux et techniques se rencontrent et travaillent ensemble sur de nouveaux projets entrepreneuriaux. Des projets sont vraiment très bien pensés, je pense par exemple à un projet de startup qui consiste à développer des jeux mobiles et qui rencontrent un succès vraiment important sur la plateforme Android de Google. Il ne faut pas forcément être en Europe pour réaliser des Success Stories dans le web, à Madagascar ça fonctionne très bien aussi.
Quels conseils donnerais tu aux startups françaises souhaitant se développer en Afrique ?
Si tu prends le cas de la Silicon Valley, les prix coûtent extrêmement chers : tu peux y placer ton directeur commercial et ton responsable marketing, mais pas tes développeurs. Si tu mets en perspective le fait que toutes les technologies gratuites type PHP sont de mieux en mieux maîtrisés par les africains, une startup française qui veut internationaliser son pôle technique peux trouver sur place en Afrique des ressources techniques très compétentes et motivées qui peuvent être dirigées depuis l’Europe avec des outils comme Skype. Par ailleurs la connectivité numérique de l’Afrique s’est grandement renforcée depuis 5 ans avec l’arrivée du haut débit, les infrastructures s’améliorent et la 3G progresse.