Les débats du Conseil Présidentiel pour l’Afrique : le tour de France continue !

Par Philippine Leclerc

Samir Abdelkrim : « Marseille, ville diaspora et passerelle pour l’innovation »

Pour le fondateur d’EMERGING Valley –le sommet de l’innovation organique et des startups émergentes Afrique-Europe, Marseille incarne par son ADN une destinée qui se partage entre l’Afrique, l’Europe et la Méditerranée. La cité phocéenne est en réalité une ville diaspora, une ville monde, qui contribue au rayonnement de la France à l’international à travers la grande diversité d’une population ouverte sur les autres cultures et connectée au reste du monde. Car c’est bien grâce à l’innovation que Marseille apparait comme le nouveau hub de la tech à impact positif entre l’Europe et l’Afrique. Ce modèle de création a la particularité de reposer sur une technologie à visage humain, qui ne veut pas contrôler nos vies comme le font les GAFA mais qui au contraire, vise à les sauver et les soigner par l’intermédiaire de la e-santé, la logistique 2.0, l’agritech, les solutions edtech, ou la fintech. Marseille est ainsi une véritable machine à produire de la tech inclusive et de l’innovation positive au service du bien commun.

« Marseille est une ville monde. Ses diasporas lui apportent rayonnement international, ouverture d’esprit et un formidable pool de jeunes entrepreneurs motivés pour inventer la tech positive de demain »

Samir Abdelkrim, fondateur de EMERGING Valley

L’expert des écosystèmes Tech africains a ensuite poursuivi l’éloge de sa ville natale, en réaffirmant que Marseille, c’est aussi un territoire d’accueil pour les startups africaines. Et le sommet EMERGING Valley en est une parfaite illustration ! En réunissant les startuppers du continent, des incubateurs, accélérateurs et bailleurs, mais en mobilisant aussi les acteurs du territoire d’Aix-Marseille, le sommet célèbre les nouvelles collaborations entre écosystèmes réunis autour d’une vision commune. Depuis Le Caire où il établit de nouvelles rencontres avec la Tech For Good locale, Samir Abdelkrim relate qu’il y a trouvé de jeunes entrepreneurs motivés par ce même modèle, par cette envie de créer de la richesse et de passer à l’échelle en Afrique et en Europe. C’est dans cette perspective de rencontres d’avenir que la France, grâce à Marseille, peut jouer un rôle en créant des ponts entre les startups des deux rives. Pour Samir Abdelkrim, Marseille doit ainsi vivre son destin, en redevenant le hub entrepreneurial qui relie les continents.

Cette vision, en faveur d’un nouvel agenda positif entre l’Europe et l’Afrique grâce à l’innovation, rejoint celle du Président de la République exprimée lors du Sommet des deux rives. Comme le réaffirme M. Abdelkrim, les talents de la diaspora, et notamment en terme de tech, peuvent contribuer au succès de cet agenda positif par leur savoirs, leur carnet d’adresse, leur soif d’entreprendre, d’innover et par leur attachement aux deux rives de la méditerranée. Ils peuvent et doivent contribuer à changer la donne pour le bien commun de nos continents. Et c’est bien Marseille qui a le potentiel de devenir la capitale symbolique de cette nouvelle génération d’entrepreneurs engagés

« La France, grâce à ses diasporas d’Afrique et de Méditerranée est plus forte car plus grande. Les diasporas sont les nouveaux ambassadeurs d’une France augmentée. »

TRACE, un acteur du territoire qui valorise les talents de la diaspora

Présent dans 160 pays et attaché à la représentation des cultures urbaines, afro et caribéennes, TRACE TV était invité lors des débats du CPA pour évoquer plusieurs programmes de formation destinés aux jeunes issus de la diaspora. Et c’est sans surprise à Marseille que le groupe a décidé de lancer le pilote de son challenge Trace Talent Marseille. A travers cette initiative, Trace souhaite s’adresser et former les membres de son audience, en partie issue de la diaspora, aux métiers du son dans la perspective de valoriser les industries créatives et culturelles, mais aussi, et surtout, de soutenir l’entreprenariat des diasporas marseillaises. La ville, en sa qualité de porte vers l’Afrique, comme le mentionnait Samir Abdelkrim dans son intervention, se présente comme l’endroit idéal pour développer ce challenge entrepreneurial.

« Nous avons retrouvé dans Marseille l’ADN de TRACE. La diversité des populations et la diversité culturelle de la ville nous ressemble. »

Virginie Kone, Directrice Opérations Trace

Et le programme n’entend pas se limiter à la cité phocéenne. Avec Trace Academia, une plateforme de formation professionnelle innovante et divertissante, Trace s’engage encore davantage dans la découverte et l’accompagnement des talents des deux continents. Pour Olivier Laouchez, le PDG du groupe, il est urgent de proposer aux 250 millions de jeunes décrocheurs une alternative à la traversée de la Méditerranée et aux risques qui y sont associés. L’objectif de cette nouvelle solution : les réintégrer dans le système. La plateforme Trace Academia se présente comme une formation en ligne, complètement gratuite, axée sur l’entrepreneuriat et qui reprend les techniques de l’industrie du divertissement afin de rendre les enseignements plus ludiques. Plébiscité par le gouvernement français et nombre de partenaires privés, et à la suite du succès rencontré par le programme pilote lancé en Afrique pendant la pandémie de Covid-19, un lancement commercial devrait maintenant se tenir en décembre. Le président du groupe rappelle ainsi que les diasporas regorgent de talents exceptionnels qu’il faut exploiter. En parlant plusieurs langues, en connaissant plusieurs cultures, elles sont les mieux placées pour faire réussir l’Afrique et la France. Investir dans leurs talents devient donc une évidence.

« Les diasporas font le pont entre les deux continents. Elles sont polyglottes, multiculturelles et talentueuses. C’est pour cela qu’elles sont les mieux placées pour faire réussir l’Afrique et la France. »

Olivier Laouchez, PDG de Trace

Jacques Attali : l’économie positive portée par les diasporas

Écrivain, économiste, chef d’entreprise et haut fonctionnaire, Jacques Attali soutient depuis 22 ans, à travers sa fondation Positive Planet, la création d’entreprises positives dans les quartiers en France et en Afrique. Il a ainsi apporté son appui à plus de 11 millions de micro-entrepreneurs et promeut à travers toutes ses initiatives l’économie positive sur les deux continents. Il était à cette occasion l’invité d’honneur du CPA, et intervenait pour présenter le rôle de la diaspora dans le développement de l’Afrique.

Selon lui, le Continent regorge de solutions aux problèmes de demain dont les diasporas seront le vecteur crucial. Car si l’Afrique s’illustre aujourd’hui par la rapidité de sa mutation digitale et montre l’exemple dans des domaines aussi divers que l’e-santé, l’edtech ou l’agritech, elle sera demain la source d’inspiration de l’Occident pour inventer de nouveaux rapports avec la Nature et Autrui. La diaspora apparaitra ainsi comme le moyen de lier les intelligences et les ressources des deux continents mais elle tiendra également un rôle important dans la création de richesses. Jacques Attali a pu le constater sur le terrain auprès de micro-entrepreneurs : il existe une très forte dynamique de création d’entreprise au sein de la communauté. Les potentialités qui en découlent poussent l’expert à insister sur l’importance de ne pas reproduire les erreurs qui ont été commises par le passé en Occident, et au contraire, de créer des nouveaux modèles d’entreprenariat raisonné. Pour lui, il faut encourager l’émergence d’entreprises positives, pensées dans l’intérêt des générations futures, et qui sont durables économiquement, socialement, écologiquement et démocratiquement. Ces quatre conditions de la durabilité motivent des innovations réfléchies, à impact positif.  Pour l’écrivain, l’Afrique peut devenir le berceau d’une entreprise, d’une économie et d’une finance positives.

« La diaspora africaine joue un rôle en France, en Europe et surtout un rôle pour aider au développement de son propre continent »

Jacques Attali

Pour conclure son intervention, Jacques Attali est revenu sur le poids démographique que l’Afrique représente à court terme. Selon lui, le XXI^e sera dans sa première moitié, chinois et américain, et dans sa deuxième moitié indien et nigérian. Des puissances qui seront d’abord démographiquement les plus importantes, mais qui le deviendront également sur les plans économiques, géopolitiques et même militaires. L’économie positive de la diaspora devra donc s’inscrire dans ces nouveaux rapports de force afin de construire des modèles vertueux et utiles pour le monde entier. Il en est convaincu, une société positive fondée sur une économie réfléchie sera capable de vaincre les défis de demain.

« Nous pouvons vaincre le fanatisme, nous pouvons vaincre la misère, nous pouvons vaincre les crises, nous pouvons vaincre l’obscurantisme, le populisme et la dictature. Pour cela il faut un modèle reposant sur l’économie de la vie au service d’une société positive. »

Jacques Attali

NDLR, informations complémentaires :

S’inscrivant dans une démarche de collecte de recommandations destinées à soutenir les entrepreneurs issus de la diaspora et de la diversité, le CPA lance un appel à témoignage. Si vous êtes un entrepreneur en phase d’amorçage (1 ou 2 ans d’existence, une preuve de concept/traction établie) vous êtes invités à prendre contact avec l’organisation pour échanger  sur les questions de diversité, d’entreprenariat et de diaspora, et pour discuter des obstacles à votre croissance. Vous pouvez les joindre à l’adresse suivante [email protected] ou via leur site internet https://www.cpafrique.fr/propositions