Telle une traînée de poudre, la nouvelle a fait – en quelques dizaines de minutes – le tour du monde : le géant californien Facebook mettait la main sur WhatsApp, une application mobile ultra-populaire qui dénombre 450 millions d’utilisateurs mensuels, pour la bagatelle de 19 milliards d’US$.
Cela alors que quelques semaines plus tôt, le plus grand réseau social dans le monde (1,15 milliards d’utilisateurs mensuels actifs) faisait face à des prédictions alarmistes émises par l’université de Princeton (et objectivement assez contestées, le département en charge de l’étude étant spécialisée dans l’ingénierie mécanique et aérospatiale) qui prévoyait une chute brutale et accélérée de l’ordre de 80% du nombre des utilisateurs de Facebook entre aujourd’hui et 2017.
Un scénario noir à la MySpace, réseau social qui a amorcé sa dégringolade au moment de l’arrivée de Facebook sur le marché en 2004-2005.
Or ces projections sont à prendre avec d’énormes pincettes, car si les marchés occidentaux arrivent à saturation (pour ne parler par exemple que du désamour des ados américains et européens qui se détournent de Facebook au profit d’autres réseaux sociaux plus tendances comme SnapChat ou Kik), les pays émergents sont là pour prendre la relève.
Car des régions économiques entières comme l’Asie du Sud Est, l’Afrique ou l’Amérique latine apparaissent comme les futurs gros moteurs et relais de croissance dans le mobile : le marché des contenus et applications mobiles devraient y progresser de + 85% dans les 3 ans pour atteindre les 30 milliards d’US$ selon Generation Next. Tandis que le secteur des « Next Generation Broadband » (ou réseau internet nouvelle génération) y sera en très forte accélération pour atteindre les 193 milliards de chiffres d’affaires en 2017, soit +89%. Sans parler que dans des ensembles comme l’Afrique dès aujourd’hui (et l’Inde demain), le marché du paiement mobile générera 29,8 milliards d’US$ de revenus en 2017.
Cette nouvelle frontière du digital est la nouvelle cible prioritaire de Facebook : là où téléphones mobiles et tablettes font office de PC et où les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter constituent dans certains pays une véritable fenêtre sur le reste de la planète, une sorte de parabole virtuelle, sans fils ni télévision, permettant d’échanger et de communiquer depuis n’importe où avec le monde entier. Le monde de l’économie numérique est en train de changer, le point de bascule étant la montée en puissance des usages mobiles.
Avec une croissance en très forte hausse dans les marchés émergents, l’application de Jan Koum est la plus populaire et de loin la plus utilisée dans les BRICS et au delà : selon une étude récente produite par Jana Reseach, WhatsApp apparaît comme étant l’application favorite la plus utilisée par 78% des mobinautes mexicains, 63% des brésiliens ou encore 55% des utilisateurs de smartphones indiens. Tandis que 71% des mobinautes vivant en Afrique du Sud se déclaraient accro à WhatsApp. D’autant que toujours selon la même étude, dans les pays couverts par cette étude de Jana, Facebook apparaissait souvent très loin derrière WhatsApp en termes du nombre d’utilisation et de temps passé.
Les pays émergents possèdent des réserves d’utilisateurs à conquérir d’urgence pour Facebook. Et face à cette course contre la montre, l’entreprise de Zuckerberg a donc décidé de ne pas lésiner sur les moyens.
Crédit Photo : Mals Langsdon / Reuters