Financer et mettre en avant 4 projets du continent qui promettent de “hacker” les nombreux problèmes rencontrés par les populations africaines dans la santé, l’énergie, la bancarisation et l’éducation. Comme chaque année, le groupe de télécommunication Orange choisit la ville du Cap et l’Afrique du Sud pour sélectionner et promouvoir les 4 lauréats du Prix Orange de l’Entrepreneur Social 2016 en Afrique et au Moyen-Orient lors de la cérémonie des AfricaCom Awards, le 16 novembre 2016. Soirée à laquelle nous avons eu la chance de participer, aux côtés des lauréats. Créé en 2011, ce prix, qui vise à encourager l’innovation et l’entrepreneuriat au service du développement inclusif des populations sur le sol africain, grâce à l’utilisation des nouvelles technologies. Au total, 750 projets innovants ont été sourcés partout en Afrique mais aussi – pour la première fois depuis la création du prix il y a 6 ans – au Moyen-Orient. Autre nouveauté, le Prix Orange de l’Entrepreneur Social s’est enrichi d’un Prix spécial Contenu Culturel.
Des candidatures qui ont été récolté sur une période de 6 mois comme l’explique Bruno Mettling, PDG d’Orange pour la l’Afrique et le Moyen Orient : “L’écosystème des startups reconnait chaque jour davantage Orange comme un partenaire de référence capable d’accompagner leur développement : 95% des startups lauréates depuis l’origine poursuivent encore leur croissance aujourd’hui”. Au total, depuis 2011, ce sont pas moins de 3 500 projets qui ont été sourcés par l’entreprise des télécommunications.
Sélectionnés par un jury composés de médias, investisseurs, institutions et experts d’Orange. Les trois lauréats reçoivent des bourses allant de 25.000 euros pour le premier prix à 5.000 euros pour le prix spécial culturel. Par ailleurs, les finalistes du Prix et celui du Prix spécial Contenu Culturel bénéficieront d’un accompagnement privilégié par l’ONG Grow Movement ainsi que par des experts d’Orange pour une durée de 6 mois. Orange finance aussi le dépôt d’un brevet pour le premier Prix MedTrucks porté par Anass El Hilal (photo ci-dessous), venu du Maroc. Un projet que nous connaissons bien et soutenons à StartupBRICS depuis le tout début !
Au delà du financement, une attente très forte en accompagnement
Car au delà du prix, c’est bien sur le terrain de l’accompagnement que les 4 start-ups récompensées à Le Cap attendent le plus Orange, comme l’explique le lauréat du premier prix Anass El Hilal, cofondateur du projet marocain MedTrucks, qui s’attaque directement à la difficulté de l’accès aux soins dans les déserts médicaux au Maroc et plus largement en Afrique : “Ce prix, c’est tout d’abord une visibilité et légitimité supplémentaire. Un vrai label qui nous facilitera le déploiement de MedTrucks sur le continent africain. Mais je sais aussi que le groupe Orange dispose d’une division Orange Healthcare. J’attends de pouvoir collaborer plus étroitement avec eux via un partenariat technologique, pour nous aider à prototyper une solution clé en main pour les hôpitaux africains”.
Même attente et approche pragmatique du côté du projet malgache d’énergie « off grid » Nanoé, porté par l’entrepreneur Nicolas Saincy, et dont la solution de nano-grids décentralisées à destination à populations les plus reculées en Afrique vise à apporter une électrification rapide, décentralisée, intelligente et décarbonée. “Le financement de 15.000 euros obtenu grâce au prix d’Orange contribuera au bouclage financier de notre phase d’expérimentation qui vise à déployer 100 nano-réseaux et former 15 nano-entrepreneurs dans la région d’Ambanja au nord de Madagascar au cours de l’année 2017. A court terme, nous comptons demander à Orange un soutien technique et un soutien commercial concret sur le terrain. Ce qui veut dire que d’un point de vue technique, nous comptons sur une collaboration rapprochée avec Orange Mobile Financial Services pour la mise en service de notre plateforme de paiement. D’un point de vue commercial, nous allons faire une demande auprès d’Orange Madagascar afin qu’ils soutiennent nos efforts marketing, en nous appuyant sur le réseau de vendeurs locaux pour faire connaître le plus largement possible notre offre à la population de notre zone d expérimentation.”
Pour le troisième lauréat, le projet sénégalais fintech “MaTontine”, l’appui du groupe Orange semble encore plus attendu, au delà de l’aide financière ponctuelle : “au delà du prix, ce que nous en attendons le plus, c’est de pouvoir nous rapprocher au maximum de l’écosystème technologique d’Orange au Sénégal, la Sonatel. C’est à dire concrètement que notre solution de transfert d’argent puisse s’intégrer directement sur l’infrastructure du groupe de télécommunication” explique le cofondateur de MaTontine, Bernie Akporiaye. A travers sa solution d’automatisation de l’épargne entre pairs de confiance (collègues, voisins, amis) – un concept qui existe depuis des lustres en Afrique sous le vocable de « Tontine » – Bernie Akporiaye mise sur l’intégration de son produit sur les plateformes d’Orange. “Le réseau Orange peut nous ouvrir de nombreuses portes dans le reste de l’Afrique. Notre innovation, qui réside dans l’incorporation d’un système d’évaluation des risques-clients pour faciliter l’octroi de micro-crédits, est scalable et peut se déployer assez rapidement à l’échelle du continent si les portes nous sont ouvertes.”
Lauréate du Prix spécial Contenu Culturel, Mariam Mahre Sanogoh est venue spécialement depuis Abidjan pour défendre son projet de magazine mensuel Bulles Magazine, à la fois en ligne et sur papier, pour promouvoir la culture africaine auprès des 6-10 ans. Une idée partie du constat qu’il est aujourd’hui difficile “de trouver un seul magazine africain qui sensibilise les enfants à l’ouverture culturelle, qui porte de l’intérêt à l’Afrique et qui soit aussi beau graphiquement que riche dans son contenu. En tant que mère qui souhaite habituer très tôt ses enfants à la pratique de la lecture, j’ai envie d’offrir à ces derniers et aux autres enfants, un magazine auquel ils pourront s’identifier, qui les aide à se construire, mais aussi, qui permet donner un nouvel élan à la littérature jeunesse africaine.” Avec un accent mis à la fois sur le numérique – “car nos enfants font partie de la première génération de digital natives et parce que le numérique nous permet de toucher la diaspora africaine” – et la valorisation du patrimoine culturel africain à travers l’image des reines et des rois anciens du continent. “Chaque mois, nous parlerons des héros africains du passé mais aussi des héros contemporains à travers les grands inventeurs/ artistes afros… L’objectif étant de nourrir culturellement les enfants” précise ainsi Mariam Mahre Sanogoh. Mais si le prix permettra de financer une partie de l’édition des premiers numéros de Bulles Magazine, Mariam attend surtout la mise à disposition “d’un expert d’Orange qui m’aidera sur mon projet pour affiner l’expérience utilisateur et la conception d’une application mobile dédiée à Bulles Magazine ».