Poursuivant sa politique de développement sur le continent Africain, Facebook est le dernier GAFAM en date à s’intéresser de près à Lagos et à son bouillonnement digital, dans le sillage de Google et Microsoft. Le géant des réseaux sociaux compte déjà plus de 24 millions « d’amis » au Nigéria, une base conséquente qu’il compte bien développer avec l’ouverture d’un nouveau bureau qui intégrera, en plus des services traditionnels et pour la première fois en Afrique, une équipe d’ingénieurs. En charge de la région Sub-saharienne, le nouveau hub devrait être opérationnel dès 2021. |
Par Philippine Leclerc et Julie Lanckriet
Cinq ans après l’inauguration de son premier bureau africain à Johannesburg, Facebook réaffirme son intention de participer activement au développement de l’écosystème tech du continent. Selon les mots de Ime Archibong, le directeur des nouveaux projets chez Facebook « L’ouverture d’[un] nouveau bureau à Lagos, au Nigeria, offre de nouvelles et de passionnantes opportunités d’innovations numériques à développer à partir du continent et à diffuser dans le reste du monde. » Car c’est bien la quantité de talents présents sur le continent -et plus particulièrement dans la capitale économique nigériane- qui a motivé le groupe à y renforcer sa présence, pour construire avec eux le futur numérique de l’Afrique et prendre part à la révolution en cours au sein des écosystèmes.
« L’ouverture d’[un] nouveau bureau à Lagos, au Nigeria, offre de nouvelles et de passionnantes opportunités d’innovations numériques à développer à partir du continent et à diffuser dans le reste du monde. »
Ime Archibong, le directeur des nouveaux projets chez Facebook
L’intérêt de Facebook pour l’Afrique n’est pas nouveau. Dès 2016, Mark Zuckerberg, son fondateur, était parti à la rencontre du président nigérian Muhammadu Buhari et d’entrepreneurs locaux. Au cours de son premier voyage sur le sol africain, le milliardaire américain avait en effet fait le choix de visiter le Co-Creation Hub (CcHub), l’un des tous premiers incubateurs de startups du pays, créé en 2011 à Yaba, un quartier de Lagos connu comme « La Silicon Valley du Nigéria ». Après avoir échangé avec des enfants venus au CcHub pour apprendre à coder et des entrepreneurs en plein développement de leurs applications, Mark Zuckerberg s’était exprimé sur les raisons de son déplacement :
« Je vais rencontrer les développeurs et les entrepreneurs, et apprendre de l’écosystème des startups au Nigeria. L’énergie ici est incroyable et je suis heureux d’en apprendre autant que je peux. »
Mark Zuckerberg, lors de sa visite à Lagos en 2016
Deux ans plus tard à peine et visiblement inspiré par sa première visite, le groupe avait créé en 2018 un programme d’accompagnement et de mentorat baptisé « FbStart Accelerator », en partenariat avec le CcHub. Un programme de six mois destiné à des créateurs de solutions High-Tech fondées sur l’intelligence artificielle, l’analyse de données, la réalité augmentée, l’internet des objets ou l’e-gaming. Grâce à un puissant réseau de mentors, les startups avaient l’opportunité d’optimiser leurs produits entourées d’experts, et de recevoir des financements à hauteur de plusieurs dizaine de milliers de dollars. L’édition de 2018 a connu un tel succès que le programme a été renouvelé depuis.
Un intérêt pour l’Afrique qui ne s’est pas tari pendant la crise sanitaire du Covid-19 ! Facebook a en effet lancé, en pleine pandémie, le programme « SMB Grants », qui une fois encore cible le Nigéria et l’Afrique du Sud. Celui-ci consiste à venir en aide à 900 petites entreprises touchées par le virus grâce à une combinaison d’argent liquide et de crédits publicitaires.
L’investissement de Facebook en Afrique sur le digital dépasse cependant le volet purement numérique, pour s’étendre aux infrastructures : le géant américain a récemment lancé la construction du plus grand projet de câble sous-marin au monde, 2Africa, qui devrait fournir Internet à 23 pays d’Afrique. L’objectif de ce projet titanesque de 37 000 km est d’interconnecter l’Afrique, le Moyen-Orient et l’Europe d’ici à 2024. Il doit permettre de dévellopper la capacité et la fiabilité Internet dont le continent a tant besoin, pour connecter des centaines de millions de personnes.
Avec ce nouveau bureau à Lagos, Facebook compte ainsi poursuivre sa politique d’expansion africaine, et espère bien au passage acquérir de nouveaux talents du digital, directement au cœur de l’une des capitales de la Tech en Afrique. Le Nigéria dispose en effet de la croissance africaine annuelle la plus rapide en terme de nombre de développeurs. Un capital des plus attractifs qui n’a pas finit de séduire le cercle des GAFAM !