#Fintech : WorldRemit, la startup qui veut s’imposer en Afrique devant Western Union

Nous pensons que l’accès aux services financiers doit être un droit humain à la portée de tous. Catherine Wines

Le marché des transferts de fonds effectuées par les diasporas en direction de leurs famille restées au pays. Un secteur qui poursuit une trajectoire de croissance exponentielle avec l’abaissement des coûts de transferts et la démocratisation du paiement mobile depuis la fin des années 2000. Avec une croissance au niveau international des transferts d’argent qui caracole aux alentours des 5% chaque année, pour des flux financiers équivalents à 500 milliards d’euros dans le monde en 2016, soit presque l’équivalent du PIB de la Suède ou de la Norvège. Un secteur dont la vitalité n’est pas prête de se tarir dans les 10 prochaines années avec l’intensification des migrations économiques du Sud vers le Nord mais aussi et de plus en plus du Sud vers le Sud, notamment entre l’Afrique et l’Asie. C’est ce marché que tente de conquérir aujourd’hui WorldRemit, en jouant à la baisse les coûts de transferts pour tenter de réduire l’étreinte du géant Western Union qui continue de dominer le tailler la plus grosse part du gâteau africain. Avec 35.000 points de vente répartis sur une cinquantaine de pays africains. Rencontre Catherine Wines, cofondatrice de WordRemit.

Bonjour Catherine ! Pouvez vous présenter votre parcours ainsi que celui de votre cofondateur Ismail Ahmed ?

20883417940_a7b0853067_z21045933276_eb82ce1c87_kJe suis Catherine Wines, je suis COO et cofondatrice de WorldRemit. Comptable qualifié, j’occupais auparavant le poste de Directrice de l’exploitation et directrice régionale pour le Royaume-Uni, l’Irlande et le Benelux chez Travelex Money Transfer, entreprise ensuite rachetée par Coinstar. J’étais également membre du conseil d’administration de Universe Group, une société côtée en bourse, où j’occupais les fonctions de directrice générale de la division monétaire.

Ismail Ahmed a lui 20 ans d’expérience dans le secteur du transfert d’argent. En tant qu’ancien conseiller auprès des Nations Unis pour le programme de transfert de fonds, Ismail a aidé les sociétés de transfert à respecter les réglementations contre le blanchiment d’argent instaurées suite aux attentats du 11 septembre.

Comment est venu l’idée de créer WordRemit ? Quel est le problème que vous essayez de résoudre ?

C’est l’expérience personnelle d’Ismail Ahmed qui lui a donné l’idée d’un service de transfert d’argent en ligne innovant. Ismail a identifié un réel besoin pour deux raisons : D’abord, lorsqu’il est arrivé au Royaume-Uni, il envoyait régulièrement de l’argent à sa famille et devait, pour cela traverser régulièrement toute la ville puis faire la queue pendant des heures dans une agence. Cela lui prenait un temps fou, sans parler des commissions exorbitantes. Ensuite, lorsqu’il a travaillé pour le programme des Nations Unies sur les transferts de fonds en Afrique de l’est, il a compris que seul un service digital, en ligne, pourrait se conformer aux règles très strictes de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du contre-terrorisme instaurées après le 11 septembre 2001.

Au milieu des années 2000, lorsqu’il était en charge des questions de règlementation pour le programme des Nations Unies, il a constaté les problèmes d’inefficacité et de fraude survenant dans l’industrie du transfert d’argent.

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C’est à ce moment là qu’il a commencé à réfléchir à un service de transfert d’envoi d’argent exclusivement en ligne qui serait à la fois pratique et sécurisé. WorldRemit répond à ces deux problématiques. Notre service est bien plus pratique et par essence mieux placé, en termes de conformité, que les sociétés traditionnelles, spécialisées dans l’envoi d’argent par le biais d’agence. Nous avons fondé WorldRemit parce que nous avons identifié un vide dans le marché, laissant place à un service en ligne de transfert d’argent aidant les migrants à réaliser des transferts de manière instinctive et immédiate à leurs familles et amis dans les pays en développement.

Grâce à l’application WorldRemit, les utilisateurs peuvent transférer de l’argent vers plus de 125 pays à travers le monde à tout moment sans à avoir à se déplacer. La majorité des transferts sont instantanés.

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Quel est aujourd’hui votre marché ? Quel est votre place aujourd’hui en Afrique par rapport aux acteurs plus traditionnels comme Western Union ? Et comment vous différentiez-vous ?

Le service de WorldRemit est accessible aux expéditeurs depuis 50 pays. Nous proposons des transferts vers plus de 120 destinations en Europe, Asie, Afrique, Australie et Amérique.

En Afrique Centrale, WorldRemit opère au Cameroun, Gabon, République Démocratique du Congo, Tchad, République Centrafricaine.

Notre offre est bien moins chère que celles des services comme Western Union. Mais si certains de nos concurrents proposent des solutions de transfert en ligne, ils sont largement off line, avec des montants minimums assez élevés. C’est un modèle qui n’est pas vraiment adapté ni aux habitudes des migrants en Occident, ni aux réalités du terrain, en Afrique notamment.

Nous pensons que l’accès aux services financiers doit être un droit humain à la portée de tous. Dans un contexte où 85% des adultes Africains sub-sahariens ne possèdent pas de compte bancaire, le téléphone portable et particulièrement les services Mobile Money jouent un rôle essentiel dans cette mission d’accès aux services financiers.

WorldRemit est le leader mondial de l’envoi d’argent vers le mobile money. L’envoi d’argent a été pendant très longtemps onéreux, ce qui a conduit la diaspora africaine à utiliser des moyens parallèles. Nous souhaitons rendre simple et abordable l’envoi d’argent vers l’Afrique afin d’aider leurs proches et familles, de manière plus régulière.

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Combien d’utilisateurs comptez vous chaque mois ? quels sont les usages les plus courants et le volume des montants transférés en moyenne ?

Nous ne communiquons pas le nombre d’utilisateurs par mois, mais ce que nous pouvons vous dire est que nos utilisateurs génèrent 450 000 transferts par mois. Plus de la moitié de nos transferts vers l’Afrique sont reçus sur des portefeuilles mobiles (Mobile Money). Le montant moyen envoyé tourne autour de 100-200 euros.

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Vous avez récemment levé 100 et 40 millions, par les mêmes investisseurs que Facebook, Spotify et Dropbox, pouvez-vous nous en dire plus ? Cela signifie-t-il que les fintechs commencent à intéresser de plus en plus d’investisseurs de la Silicon Valley ?

Au début de l’année 2015, WorldRemit a reçu 100 millions de dollars d’Accel Partners et de Technology Crossover Ventures qui ont aussi investi dans Facebook, Spotify et Dropbox. En février 2015, WorldRemit a également levé 45 millions d’euros auprès de la société de capital-risque TriplePoint Venture Growth BDC Corp et de la Silicon Valley Bank.

Les investisseurs de la Silicon Valley reconnaissent en effet de plus en plus la valeur d’un investissement dans les entreprises Fintech (bons chiffres d’affaires, profit durable…).

Ce dernier financement donne les moyens à WorldRemit de préfinancer les comptes de ses partenaires du monde entier, qui servent de relais pour les transferts d’argent instantanés dont les volumes croient de façon exponentielle.

Quels sont les prochaines grandes étapes pour WorldRemit ?

Nous souhaitons continuer à nouer de nouveaux partenariats aux quatre coins du monde avec des services de Mobile Money, des banques et des réseaux de remise d’espèces afin de rendre notre service réellement universel.

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About Samir Abdelkrim

Entrepreneur et consultant, Samir Abdelkrim est l’expert francophone de l’innovation africaine. Samir Abdelkrim est le Fondateur d'EMERGING Valley, le sommet international sur l'innovation africaine et les technologies émergentes qu'il a créé à Marseille et à thecamp après une longue exploration des écosystèmes startups africains durant 3 années. Entre 2014 et 2018, Samir Abdelkrim a sillonné l’Afrique de l'innovation et analysé les écosystèmes numériques de 25 pays africains. Une expérience terrain dont il a tiré un livre, Startup Lions, préfacé par Xavier Niel et Tidjane Deme. Samir Abdelkrim est également chroniqueur sur la tech africaine dans les grands titres nationaux comme Les Echos ou Le Monde où il est spécialisé sur les startups africaines. Il est également le fondateur de StartupBRICS.