A la rencontre de Freitas Gibran, pionnier de la « Legal Tech » en Afrique

Rencontre avec Freitas Gibran, grand connaisseur à la fois du marché français et du marché africain de la Legaltech et animateur de la communauté « Legal Tech Africa » qui rassemble entrepreneurs, startupeurs et professionnels du droit en Afrique et dans sa diaspora. Un réseau d’entraide qui veux permettre aux professionnels du droit de gagner du temps dans leur exercice, et d’accompagner les entrepreneurs en comblant les vides juridiques que connaissent les sociétés africaines dans tous les domaines. Nous l’avons rencontré lors de l’édition 2018 du sommet international EMERGING Valley, à Marseille.


Freitas Gibran

Les systèmes juridiques, fiscaux et judiciaires efficaces sécurisent les investissements nationaux et internationaux, encouragent la démarche entrepreneuriale et renforcent le sentiment de confiance des justiciables lors de leurs procédures. Pourtant, en Afrique, l’accès au droit est compliqué non seulement pour les justiciables et les entrepreneurs, mais également pour les professionnels du droit eux-mêmes.

Legal Tech Africa est un programme d’accompagnement juridique des écosystèmes startup en Afrique. Notre ambition est de faire en sorte que la technologie et l’entrepreneuriat soient des facteurs facilitant l’accès au droit pour les entrepreneurs en Afrique.

Notre approche est collaborative, nous rassemblons autour de nous des acteurs de tout type (institutionnels, juristes, entrepreneurs) afin de faire en sorte que le droit ne soit plus un frein à l’innovation et à l’entrepreneuriat en Afrique.

La legal tech (l’utilisation de la technologie pour favoriser l’accès au droit et à la justice) en est à ses débuts à l’échelle mondiale. Pas qu’en Afrique. Nous en sommes donc encore à la phase “d’évangélisation” en ce qui concerne les opportunités qu’offrent les nouvelles technologies pour l’entrepreneuriat et pour le “business du droit”.

Pour l’instant, les “utilisateurs” de Legal Tech Africa sont essentiellement les avocats, les juristes et les entrepreneurs dans le domaine du droit en Afrique.
Nous leur fournissons des conseils technologiques et stratégiques, une communauté au sein de laquelle évoluer, des événements au cours desquels ils font des rencontres parfois déterminantes, des débouchés internationaux et surtout de la visibilité.

Quel serait le cadre juridique le plus adapté au marché du numérique africain ? Quelles sont les informations juridiques les plus recherchées par les entrepreneurs et les investisseurs ?

Un marché numérique africain est promu par des organisations importantes sur le continent. Il est surtout espéré par les entrepreneurs de la tech qui sont de plus en plus nombreux à nourrir des ambitions panafricaines. Un tel cadre présente également un grand intérêt pour les acteurs internationaux souhaitant investir en Afrique.
C’est un objectif de long terme.

Ce cadre juridique commun permettra aux startups de la tech de trouver des débouchés plus facilement en Afrique pour leurs biens et services.
On pense ici par exemple à des règles et recours en matière de protection de la propriété intellectuelle, un cadre e-commerce harmonisé, à une reconnaissance des moyens de preuves électroniques, des positions officielles claires sur l’utilisation des technologies émergentes telles que les blockchains, etc.

La première chose que l’investisseur regarde au moment de faire son investissement, c’est probablement la garantie qu’il ou elle a de pouvoir récupérer sa mise. A ce titre, le droit de l’investissement, la fiscalité sont deux domaines capitaux. Avoir accès aux sources nationales relatives à ces deux matières est, selon moi, la première étape.

Le droit des sociétés est structurant. On touche ici à la répartition du capital au sein de l’entreprise qui va bénéficier de l’investissement et donc, à la part que pourra négocier l’investisseur.

Tout investisseur souhaite être certain que la structure dans laquelle il ou elle investit maîtrise la propriété physique et intellectuelle de ses produits / services. La question des recours effectifs en cas de violation de propriété est primordiale. Le droit du travail est évidemment très important, la législation e-commerce aussi.

legal doctrine
Durant l’atelier Legal Tech Africa lors du sommet EMERGING Valley 2018

Legal Tech Africa a pour ambition d’accompagner. Nous espérons que la plateforme aura favorisé d’ici là des success stories legal tech panafricaines rayonnantes. Toujours dans cette position d’accompagnement, nous développons un outil de référencement et de mise en relation dédié au monde de l’entreprise et de l’investissement. Surtout, une fois que nous aurons atteint un cap technologique, et que les entreprises auront fait leurs preuves, notre ambition est de travailler à fond sur l’accès au droit pour tous les citoyens. Pas uniquement les startupers.

Trouver un point de commencement et un axe sur lequel se baser pour parvenir à notre mission. Démocratiser l’accès au droit en Afrique c’est très large. Vous savez bien que tout entrepreneur souhaite apporter la plus grande valeur ajoutée à travers son projet. Beaucoup d’acteurs en Afrique ont un besoin vital d’accès au droit, choisir l’approche qui bénéficiera au plus grand nombre n’est donc pas évident.

Choisir de commencer par le monde de l’entrepreneuriat et plus précisément le domaine des startups est une approche qui fait sens étant donné l’engouement et la valeur ajoutée que les innovations entrepreneuriales apportent au continent.

Avez-vous d’autres informations à ajouter ?

Non, à part des remerciements sincères à Samir Abdelkrim pour son travail de fond au service de l’entrepreneuriat africain, pour ses encouragements et pour cette opportunité de faire connaître notre initiative.
J’ai lu le livre Startup Lions au début de l’aventure Legal Tech Africa et c’est l’une des ressources les plus utiles et motivantes que j’ai pu consulter !

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