Très populaire en Afrique (et plus particulièrement au Kenya mais aussi au Mozambique, en Egypte, au Lesotho et en Tanzanie), M-Pesa permet aux détenteurs de mobiles d’effectuer toutes sortes d’achats en un claquement de doigts. Qu’il s’agisse de régler ses factures d’électricité, de rembourser ses frais de scolarité, de réserver des billets d’avions ou tickets de bus ou encore de faire ses emplettes alimentaires, M-Pesa est aujourd’hui devenu un acteur économique incontournable au Kenya depuis sa création en 2007. M-Pesa, c’est d’abord – au même titre d’autres services mobiles qui ont fait la réputation de la scène Tech de Nairobi à l’international comme Ushahidi – l’une des applications mobiles parmi les plus utilisés au Kenya, et un service qui brasse chaque année l’équivalent du tiers du PIB kényan via des dizaines de millions de transactions mobiles, soit près de 14,6 milliards d’US$ de paiements effectués – tout en sachant que la transaction moyenne effectuée au coup par coup sur M-Pesa avoisine les 20 US$.
M-Pesa, joyau de l’opérateur national kényan Safaricom (détenu à 40% par Vodafone), regarde maintenant vers les marchés du Nord, et notamment vers l’Europe de l’Est, à commencer par la Roumanie : pays où la grande majorité de la population est connectée (possède au moins un téléphone mobile) mais pas totalement bancarisée. Soit les mêmes pré-requis qui ont fait décoller le service M-Pesa à Nairobi, en Egypte, en Inde ou en Tanzanie, à savoir la bancarisation de populations éloignées (voire complètement exclus) des circuits bancaires mais à qui l’on donne la possibilité par le numérique de participer à la vie économique quotidienne d’un quartier, d’une ville.
Le téléphone mobile, un accélérateur de bancarisation (et d’inclusion économique) pour les utilisateurs du service M-Pesa ? C’est clairement le pari fait par Safaricom et Vodafone, qui veulent renforcer d’autres usages comme l’épargne bancaire sur mobile, sur des comptes rémunérés, via des services « Powered by Safaricom » comme M-Kesho (un partenariat avec Equity Bank). Citons également M- Shwari qui permet, via un mobile, à n’importe quel client de déposer des sommes sur un compte rémunéré, d’ouvrir des lignes de crédits, etc.
Façonnée et démocratisée dans les pays émergents, M-Pesa, est bien une application « disruptive » pour dépenser et consommer, mais aussi pour économiser, s’autonomiser et se projeter dans l’avenir. Une façon de contribuer à la vie économique d’un écosystème sans dépendre ni même passer par le filtre social discriminant des agences bancaires traditionnels.