« Certains membres de notre communauté sont très actifs, ils sont souvent 400 à 500 connectés simultanément sur le site internet. » Bruce Good, Fondateur et CEO de OurHood
L’Afrique du Sud et son hyperviolence, qui destructure la société : 47 meurtres par jour enregistrés en 2014, et près de 327 vols quotidien avec circonstances aggravés la même année selon AfricaCheck. Une violence extrême, héritée du long régime d’apartheid, qui pose une question, celui des besoins grandissants en sécurité de tous les sud-africains. Toutes couches sociales confondues.
Comment permettre à une communauté de vivre en sécurité, par l’entraide et de façon participative, grâce aux nouveaux outils offert par le digital alliées à la géolocalisation ? C’est le pari qu’est en train de remporter la startup sud-africaine OurHood. Rencontre avec Bruce Good, son fondateur.
Peux-tu nous expliquer en quoi consiste OurHood : quelles solutions concrètes apportez-vous à vos utilisateurs ?
Le problème que nous avons essayé de résoudre est le suivant : comment permettre à des personnes vivant dans différents lieux, de vivre en sécurité et de veiller les uns sur les autres, en communiquant en temps réel avec tous leurs voisins ? Comment permettre à ces individus de partager des informations avec ceux qui vivent dans les mêmes quartiers ? Même si Facebook permet de converser avec ses amis à travers le monde, ce réseau social n’apporte qu’une solution individuel. Donc notre solution résout ce problème du manque de communication digitale entre voisins : nous créons des groupes concernant chaque voisinage, c’est un espace très sécurisé et privé où les gens se rejoignent, ils peuvent échanger des informations en temps réel via notre site web et une application et nous vérifions que les personnes qui se connectent appartiennent bien au voisinage. Voilà, c’est l’essentiel de notre activité : permettre aux habitants d’un même quartier de se sentir en sécurité grâce à l’entraide et la solidarité active des voisins, en étant rélié entre eux par notre solution, et cela peu importe leur niveau social. Nous sommes pour le moment majoritairement présent en Afrique du Sud, notre « core market », mais nous cherchons aussi à nous étendre au Nigeria, au Botswana et au Kenya.
Et quels lieux privilégiez-vous le plus en Afrique du Sud ?
Nous privilégions les aires urbaines pour le moment, en effet un gros pourcentage de nos utilisateurs se situe à Cape Town, Johannesburg. Nous avons déjà ici 1.100 communautés d’utilisateurs à travers toute l’Afrique du Sud, dont plus de 500 communautés rien qu’à Johannesburg. Certains membres de notre communauté sont très actifs, ils sont souvent 400 à 500 connectés simultanément sur le site internet. Notre croissance est très organique, par la base. Beaucoup d’associations de quartiers souhaitent être aptes à communiquer et utilisent l’application pour par exemple relayer les heures de passage des ramassages d’ordures, les contacts des groupes de surveillance, etc. La communication et la traction d’OurHood s’est faite principalement via le bouche à oreille.
Combien d’utilisateurs possédez-vous pour le moment et quelles sont vos prévisions pour la fin de l’année ?
20.000 pour le moment et nous espérons 5 000 utilisateurs de plus pour la fin d’année principalement en Afrique du Sud. Disons que notre utilisateur type est un homme ou une femme qui se passionne pour sa communauté, et nous avons vu beaucoup de profils différents. La tranche d’âge va de 20 à 70 ans.
Avez-vous déjà levé des fonds ?
Oui des Business Angels sont venus à notre aide au démarrage de notre activité et nous espérons mener à bien une levée de fond de type Série A. Nous sommes confiants dans la qualité de notre produit et sur l’intérêt des investisseurs. Je prends un exemple, il y a une startup au États-Unis, Nextdoor.com, qui pratique une activité relativement similaire à la nôtre et qui a sut connecter 76.000 quartiers à sa solution d’entraide entre voisins : elle a récemment levé 2 millions de dollars.
En Afrique du Sud, le capital-risque reste souvent une affaire de bons contacts, de recommandations.
Quel est votre business-model ?
Notre modèle repose sur le Freemium : l’utilisation est gratuite pour l’utilisateur et nos revenus proviennent de la publicité ciblée destinée à chaque quartier. Nous mettons à la disposition de nos utilisateurs différentes features supplémentaires payantes comme un annuaire qui sert aussi de site de e-commerce sur lequel nous recensons tous les entrepreneurs du voisinage, par exemple pour les petits travaux : services de nettoyage, livraison de journaux, etc. Une autre partie de l’application met directement en relation l’utilisateur avec un organisme de sécurité. Un vrai problème récurrent en Afrique du Sud, qui frappe toutes les couches sociales de la société. D’ailleurs il existe sur OurHood une fonctionnalité qui, à partir du moment ou vous dénoncez un incident criminel sur le site internet ou l’application, averti le reste du quartier par email ou SMS.
Parlons de l’écosystème startup en Afrique du Sud : qu’en est il aujourd’hui ? Des différences entre Cape Town et Johanesburg ?
Je suis partial je l’avoue étant basé à Cape Town mais entre les deux villes, le meilleur endroit pour démarrer sa startup est bel et bien Cape Town ! Il y a un environnement très sain pour les startups ici. Beaucoup d’entrepreneurs tombent amoureux de la qualité de vie, exceptionnelle, de cette ville. Et c’est un très bon endroit pour faire des affaires. Pour les Tech Entrepreneurs, à Cape Town vous aurez un meilleur accès aux développeurs et au financement. Surtout nous disposons d’un excellent programme d’accompagnement des startups, Silicon Cape. Silicon Cape est un partenariat public/privé qui a pour mission de créer un environnement favorable pour des jeunes pousses, ce qui signifie en d’autres termes, qu’il joue le rôle de facilitateur. Il présente ces jeunes entreprises aux sponsors, aux investisseurs et fournit des plates-formes pour des forums divers, leur offre une visibilité. Sa vocation est d’aider les start-ups et de trouver des solutions.
Et est-ce que Silicon Cape vous a aidé ?
Ils nous ont aidés par le biais de leurs réseaux, via une plateforme dédiée au e-commerce et aux start-ups. Je dirais que pour moi, Silicon Cape m’a beaucoup accompagné sur le plan de la visibilité. J’ai également put bénéficier de leurs recommandations. C’est très important lorsque l’on sait qu’en Afrique du Sud, le capital-risque reste souvent une affaire de bons contacts, de recommandations. Il faut souvent faire partie du bon réseau.