Alors que le monde entier tourne son regard vers le Brésil, qui accueillera également les prochains Jeux Olympiques de 2016, le pays souhaite pérenniser cette attention au-delà de ces deux événements sportifs majeurs. Cependant, les récents décès de travailleurs sur les chantiers de la Coupe du Monde, les dépassements de budgets de liés à celle-ci, les problèmes de santé publique et d’éducation ou la corruption omniprésente peuvent-ils altérer la prospérité des entreprises installées, ou qui souhaitent s’installer, sur le sol brésilien ? Si le football prospère au Brésil, qu’en est-il de la communauté startup nationale ?
Si de nombreuses infrastructures (en particulier les aéroports) n’ont pas été à la hauteur des attentes, la ville de Sao Paulo peut se targuer de certains atouts, dont le déploiement inédit d’un réseau wifi dans près de 120 lieux publics, couvrant ainsi 6 700 km². Parallèlement, à Rio, s’est déroulé le premier hackathon parrainé par la municipalité. Visant à créer des applications pour améliorer l’infrastructure de la ville, les développeurs de ce hackathon ont ainsi eu accès durant cet événement aux données publiques de Rio.
Sao Paulo – Rio : des disparités qui tendent à se réduire
Dans un pays où une carrière gouvernementale reste un choix des plus attirants, on compte près de 9,4 millions de fonctionnaires dans le pays, l’essor des startups est notable ; 36 millions d’adultes brésiliens âgés de 18 à 64 ans sont en cours de développement de leur propre entreprise ; une étude menée par Endevaour montre que 76% des brésiliens préféreraient être leur propre patron, contre 37% en Europe).
Ce décollage traduit la volonté gouvernementale de renforcer la culture startup au Brésil par le biais, par exemple, du programme d’accélération Start-Up Brazil, qui offre jusqu’à 100 000 $ de soutien aux entrepreneurs. De plus, à l’image de ce que propose le gouvernement britannique, Rio Negocios, une agence de promotion des investissements, se focalise sur l’aide au développement des startups et souhaite créer un pôle d’excellence digitale.
Si l’état de Sao Paulo constitue le principal vivier startup du pays avec 652 entreprises enregistrées, celui de Rio, qui n’en compte que 176, semble néanmoins mieux profiter que celui de Sao Paulo du puissant coup de projecteur que constitue la Coupe du Monde de la FIFA.
Certaines startups Cariocas sortent du lot, comme Easy Aula, un éditeur de cours sur de nombreux thèmes, le tout hors ligne, Cabe na Mala, une plateforme de commerce connectant vendeurs étrangers et acheteurs locaux, Dafiti, un détaillant de mode e-commerce ayant levé 250 millions $, ou IFood, une application de livraison de nourriture.
L’intérêt grandissant des grands investisseurs internationaux
L’installation de grands groupes est également un moteur essentiel de cet essor entrepreneurial. Ainsi Cisco System prépare l’implantation à Rio d’un centre d’innovation estimé à 500 millions $ alors que dans le même temps Microsoft prépare un centre technologique de 100 millions $, également localisé à Rio. D’autres géants tels qu’IBM ou Siemens soutiennent la scène startup de Rio.
Cette intelligence ne suffit pas à combler la lourdeur bureaucratique brésilienne, en effet la Banque Mondial classe le pays 120ème sur 180 en termes de facilité de démarrage d’une entreprise. Les startups étrangères ne peuvent y exercer sans l’aide d’un avocat ou d’un comptable pour s’y retrouver à travers le complexe système de législation fiscale national.
L’avenir de Rio semble se dessiner dans le marché du smartphone. La croissance de leur vente attire particulièrement les annonceurs comme Hisham Isa, de Buzzcity (réseau mondial de publicité mobile) qui affirme : « Le Brésil continue d’être un point d’accès important pour nos annonceurs tant que de plus en plus de consommateurs adoptent le mobile. […] Le potentiel est énorme mais, comme dans beaucoup d’autres marchés, il nécessite plus de contenu localisé. »
Si les politiques prient pour surfer sur une victoire finale de la sélection brésilienne à son mondial, les startupers ne seront pas en reste dans un pays où la nécessité de répondre rapidement aux concurrents technologiques régionaux (colombien et chilien principalement) se fait de plus en plus pressante.