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ALN Ventures, nouvel accélérateur de croissance pour startups africaines

En Afrique, les dépenses des consommateurs (portées par le développement très important des classes moyennes africaines) décollent et doubleront d’ici 2020. Signe que le marché, malgré les barrières qui restent importantes, devient mature, stable et constitue désormais un moteur de la croissance économique mondiale. Les entrepreneurs africains sont à l’avant garde de cette dynamique : selon la Banque Mondiale, la croissance du chiffre d’affaires des entreprises africaines est l’une des plus importante au monde avec +12,1% en moyenne chaque année. Pour maximiser ce potentiel, les entreprises africaines, et en particulier les jeunes startups qui s’appuient sur l’innovation pour apporter des solutions rencontrant un marché et donc devenir un vrai business, ont besoin d’accompagnement et surtout de financement pour amorcer leur développement, et réussir. ALN Ventures, une initiative du African Leadership Network, vise à atteindre ce double objectif. Co-fondé il y a cinq ans par Acha Leke et Fred Swaniker, le réseau ALN – largement présent en Afrique anglophone mais encore assez peu dans les pays francophones – rassemble plusieurs centaines de leaders ayant entre 30 et 45 ans, originaires de toute l’Afrique. Sa mission est de mentorer et d’investir dans des startups africaines dont l’impact est démontré. Entretien avec James Loss-Wells, manager et coordinateur du nouvel incubateur en ligne ALN Ventures, également nouveau partenaire de StartupBRICS en Afrique Anglophone.

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Bonjour, pouvez vous nous présenter l’initiative ALN Ventures ?

ALN Venturesjames loss wells-aln ventures est une plate-forme faite pour connecter les entrepreneurs africains à un réseau de CEOs particulièrement influents. L’idée derrière la création d’ALN, c’était de créer un forum unique pour que les leaders du continent se rassemblent, se rencontrent, et qu’ils fassent le brainstorming des perspectives de collaboration transfrontalière. Bien qu’il comporte une prépondérance de jeunes CEOs, le groupe compte également parmi ses rangs bon nombre de ministres, d’intellectuels, voire même de sportifs. Comme nous le savons tous, le relationnel prime dans le business sur le continent africain. Et chez ALN, le but c’est de créer des opportunités de rencontres entre décideurs à échelle continentale. Donc tout le monde y est représenté: les gros pays et les petits, les pays anglophones, francophones, arabophones et lusophone.

ALN Ventures est une initiative nouvelle pour qu’il y ait un lien direct et privilégié entre les entrepreneurs early-stage les plus prometteurs du continent et de la diaspora, et les membres d’ALN. Des CEOs aux plannings très chargés, nos membres ont envie de prendre contact avec des fondateurs: d’y apporter mentorat, appui, et surtout investissement. Mais ils n’ont tout simplement pas le temps, en général, de partir eux-même à la recherche d’ entrepreneurs de qualité.

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D’où vous est venue cette idée et quels sont les pays que vous couvrez ?

Lors d’une discussion informelle, plusieurs de nos membres ont fait le constat qu’il persiste un gap significatif en termes de mentorat et de financement pour les jeunes entreprises en Afrique, et que cela nuit à la croissance. Si certaines villes ont aujourd’hui une infrastructure entrepreneuriale relativement robuste—je pense a Nairobi et au Cap par exemple—le gap persiste, et pose problème où qu’on aille. A l’intérieur d’ALN, on a ce qu’il faut pour fermer ce gap. Il suffit de créer les mécanismes et processus adéquats.

Que l’on vienne de Namibie ou du Nigeria, de la Côte d’Ivoire ou de l’Ethiopie, tant que le business modèle est bon et l’entrepreneur a le bon mindset, nous regarderons le projet.

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Avez vous un focus sectoriel particulier ?

Les membres d’ALN proviennent de tous les secteurs de l’économie. Tu y trouves bien sur des entrepreneurs des TICs, mais pourquoi pas des banquiers, des spécialistes du pétrolier, de l’agribusiness, de la grande conso, de l’extraction minière…

Le mandat de Ventures recouvre donc tous les secteurs d’activité économique, même les secteurs très capitalistiques. En revanche, les projets à très grande complexité technique (ex. produits pharmaceutiques brevetables en phase de R&D) ne rentrent pas dans notre périmètre.

Cela nous différencie des autres intervenants de l’écosystème de l’entrepreneuriat africain (que ce soit des incubateurs, des accélérateurs ou des VC), qui en général se focalisent sur les TICs (et qui souvent se spécialisent uniquement sur le software mobile).

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Comment aidez vous les startups que vous sélectionnez ?

Nous souhaitons apporter aux entrepreneurs les plus prometteurs tout ce dont ils risquent d’avoir besoin pour réussir leur projet et accélérer leur croissance. Nous avons structuré les neuf mois du programme ALN Ventures de manière à fournir:

Tout d’abord le Capital. Au bout des trois premiers mois, tout participant qui valide un contrôlé de qualité reçoit $20k de cash. Mais au-delà de cette injection financière, nous accompagnons l’entreprise dans sa recherche de Capital Angel auprès des membres d’ALN. Donc quel que soit le besoin capitalistique de l’entreprise, si le projet est crédible, il trouvera son financement.

Ensuite le Mentorat. Un coach, membre d’ALN, sera affecté à chaque entreprise. Ce dernier se rend disponible toutes les deux semaines pour suivi et accompagnement de l’entrepreneur. Puis vient le Conseil technique/spécialisé. Des experts sectoriels, membres d’ALN, avec des connaissances techniques ou géographiques particulières, sont disponibles au besoin le long du programme. Les startups bénéficient également des conseils stratégiques de l’équipe Ventures, support back-office, et services de prestataires tiers. Chaque participant passera deux semaines à Johannesburg en début de programme, avec workshops et coaching de membres expérimentés d’ALN.

Tout cela est proposé en contrepartie de 5% du capital. Pour candidater, il suffit que l’entreprise:

– soit opérationnelle depuis moins de deux ans
– ait reçu moins de $250k en investissement externe
– ait au moins un fondateur qui travaille sur le projet à temps plein
– ait une vision d’expansion panafricaine ou au moins régionale

Nous analysons les candidatures comme le font les comités d’admissions des diplômes MBA: c’est à dire, nous regardons la qualité du projet et du candidat, mais nous regardons aussi d’un point de vue « équilibre de la promo. »

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Un message a faire passer aux startups d’Afrique francophone ?

Il faut tisser des liens entre vous-même, et surtout avec le reste de l’Afrique. Cela commence par les médias sociaux, puis par les événements et séminaires. Et bien sûr l’apprentissage de l’anglais. Il faut que les entrepreneurs francophones progressent là-dessus, par-ce qu’il y a beaucoup de business models qui ont déjà été développés ailleurs en Afrique (notamment en Afrique Australe et de l’Est) qui pourraient facilement être plus ou moins copiés-collés en Afrique francophone. Le problème c’est que les canaux de communication ne sont pas encore suffisamment développés.

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About Olivier Garin

Curieux et ouvert sur l’international, Olivier est issu d’une formation de journaliste. Il voue ainsi une grande passion à l’information au sens élargi du terme et s’intéresse de près aux pays émergents. Sa récente expérience au sein de Digital Business News, la Web TV des entrepreneurs de la French Tech, a réveillé son attrait pour les secteurs de la high-tech, de l’économie et de l’entrepreneuriat digital à travers le monde. Il a rejoint StartupBRICS où il est aujourd’hui Rédacteur Pays Emergents.