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Burkina Faso : FasoPro, la startup qui remet la culture d’insectes au goût du jour

Les insectes : nourriture du pauvre ou mine nutritionnelle ?

Manger des insectes ? Une réalité culturelle dans bien des régions où il s’agit d’une habitude alimentaire traditionnelle. De la chenille karité dans la région Bobo-Dioulasso aux criquets dans certaines régions du Niger, les insectes sont souvent au menu des populations locales. Riches en sels minéraux et en protéines, ils constituent un potentiel nutritionnel inégalable. Pourtant, ils sont encore souvent considérés comme “la nourriture du pauvre” et mal perçus du grand public.

Les insectes comestibles pourraient pourtant être une des solutions pour nourrir la population mondiale qui va bientôt atteindre 10 milliards dans les prochaines décennies alors que les ressources alimentaires se font elles, de plus en plus rares selon le fondateur de la jeune startup FasoPro originaire du Burkina Faso, Kahitouo Hien. Pour l’entrepreneur, le pari est simple : d’ici 2050 les insectes pourraient couvrir pratiquement un tiers des besoins en protéines de l’ensemble de l’humanité !

En effet, en plus de leur potentiel nutritionnel, ils sont faciles à produire, moins gourmands en ressources et sont très peu polluants contrairement à la viande animale : plus de 15.000 litres d’eau sont ainsi nécessaires pour produire un seul kilo de viande de bœuf. C’est pourquoi FasoPro, accompagnée à ses débuts par la structure d’innovation « La Fabrique » basée à Ouagadougou, a fait de la production d’insectes à grande échelle son cheval de bataille, en proposant une gamme variée de produits alimentaires fortement nutritifs.

« Dans cinq ans nous comptons révolutionner l’alimentation humaine avec les insectes comestibles en proposant une gamme variée de produits à base d’insectes sous une marque unique. L’autre défi que nous comptons relever dans 5 ans est de pouvoir élever les insectes dans des fermes en conditions contrôlées afin de rendre la matière première disponible toute l’année »




Kahitouo HIEN, fondateur de FasoPro

Criquets et chenilles, diapason régional de la consommation d’insectes

Pour atteindre ses objectifs, FasoPro doit tout d’abord commencer par révolutionner les mœurs et les usages, en alliant des traditions culturelles locales à des problématiques de productions simples. A partir de chenilles collectées (certaines chenilles contenant plus de 63% de protéines !), FasoPro peut ainsi produire trois gamme de produits : chenilles prêtes à croquer (avec ou sans piment), poudre de chenilles et biscuits de chenilles. En effet, les insectes sont faciles à reproduire et répondent à une structure identitaire régionale. C’est que chaque région du Burkina Faso consomme ses insectes différemment ! Au nord, dans la région de Bobo-Dioulasso (capitale économique du Burkina Faso dans l’Ouest), on apprécie les criquets alors que les chenilles sont considérées comme “les poissons de l’arbre” à l’ouest du pays. Les habitudes alimentaires sont riches et variées en écho à un vaste patrimoine culturel. Mais, ces insectes sont encore trop souvents perçus comme étant «un aliment par défaut » ou « un aliment des pauvres » alors qu’ils constituent une véritable source de nutriments exceptionnels.

Les insectes font partie des habitudes alimentaires de plusieurs ethnies au Burkina Faso. Les chenilles considérées comme le poisson de l’arbre dans l’Ouest du Burkina Faso où elles sont consommées sous formes frites, en sauces, etc. par les Bobos, les Bouaba, les Sénoufo, et autres ethnies de la région. Les Mossi dans le centre du pays sont friands des termites encore appelées éphémères, tandis qu’au nord c’est surtout les criquets qui sont appréciés. C’est un peu comme si chaque région avait son insecte préféré !



Séance de formation des collectrices-séchoirs

Réhabiliter l’image des aliments à base d’insecte au Burkina Faso

Si les insectes sont bien connus de la société, le challenge n’en reste pas moins de taille pour FasoPro. À ses débuts, la start-up a dû essuyer les craintes des gérants peu disposés à vendre des insectes dans leurs rayons alimentaires. Une image qui s’efface au fur et à mesure que les qualités nutritionnelles des insectes sont mises en avant dans tout le pays. Sans oublier que la commercialisation des insectes procure un complément de revenu significatifs à des milliers de femmes pendant la période de collecte. La startup distribue aujourd’hui ses produits à travers 360 points de ventes dans 25 villes du Burkina Faso.

https://fasopro.bf/

À terme, l’entrepreneur compte proposer une gamme variée à base insecte réunie sous une marque unique. Pour cela, il lui faudra probablement créer des fermes à insectes en conditions contrôlées afin d’obtenir un approvisionnement toute l’année. Encore aujourd’hui, les insectes utilisés par FasoPro sont collectés de façon saisonnière dans leur milieu naturel. Le jeune startupeur dont l’entreprise commercialise plus de 10 tonnes d’insectes comestibles par an depuis 2014 et vise à nourrir plus 5 millions de burkinabés dans les prochaines années est à la recherche d’un million d’euros auprès d’investisseurs pour accompagner sa croissance.

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