A l’occasion de la compétition Seed Stars World qui s’est tenue le 4 février à Genève, StartupBRICS a rencontré et interviewé Travelatus, une startup russe présente à la compétition, qui nous donne sa vision de l’écosystème startup & innovation en Russie.
La Russie est de plus en plus en vogue dans l’univers de l’innovation, entre projet d’infrastructures ambitieux avec Skolkovo, peut être la prochaine Silicon Valley eurasiatique située dans la région de Moscou, création de nouveaux accélérateurs dans la capitale et dans les régions, et explosion des opportunités dans le digital. Car la Russie pèsera près de 27 milliards d’US$ dans le e-commerce d’ici 2015, chiffre boosté par une classe moyenne en forte progression et un plus grand accès à la toile de la population russe : 60 millions d’internautes surfent sur internet en Russie, soit presque l’équivalent de pays entiers comme la France. Et du côté des startups venues du grand froid, les Success Stories se multiplient à l’image de LaModa qui fit une levée de fonds record en 2013 (130 millions d’US$) , le site de covoiturage Podorozhinki qui a très récemment été acquis par le français BlaBlaCar, ou encore Mail.ru qui fin 2013 s’est internationalisé en s’attaquant à la Silicon Valley avec l’ouverture du service de messagerie My.com.
A la tête de Travelatus, startup russe spécialisée dans le Tour & Activities et récemment rachetée par Excursopedia, Valentin Dombrovsky est un insider particulièrement bien connecté sur la Scène startup russe. Il a accepté de répondre aux questions de StartupBRICS sur la construction – et les évolutions – de l’écosystème startup en Russie. Et annonce par ailleurs son arrivée prochaine sur le marché français de la réservation de circuits touristiques en ligne.
Hello Valentin, peux tu nous expliquer en quoi consiste Travelatus ?
Nous sommes une « travel startup » fondé à Moscou en 2011 en Russie et notre solution permet à tous les voyageurs un peu curieux de pouvoir planifier leurs voyages évènementiels et de les customiser en un clic : concerts, festivals, évènements culturels, activités sportives, etc. Nous simplifions la réservation et l’organisation des voyages en facilitant la recherche d’activités à faire, en fonction du budget alloué, le tout sur la même plateforme.
Travelatus a récemment été racheté par Excursopedia, peux tu nous en dire un peu plus ? Le marché français vous intéresse t’il ?
Excursiopedia est un social marketplace innovante pour excursions et activités touristiques fondé à Munich en 2010. Excursopedia permet à des voyageurs et à des locaux d’entrer en contact avec des guides privés et tours opérateurs dans les 1350 différentes villes que la startup couvre. Excursopedia et Travelatus sont très complémentaires et nous avons convenu qu’il serait stratégiquement judicieux d’unir nos forces et de travailler ensemble pour conquérir le marché mondial du Tour & Activities, et bientôt du tourisme évènementiel. Et notamment la France qui est un marché stratégique pour nous : le premier marché touristique au monde en nombre de visiteurs avec 83 millions d’arrivées de touristes internationaux par an, et le 3ème en termes de recettes (41,7 milliards d’euros). Nous souhaitons développer le marché français à travers deux axes stratégiques: développer l’offre et la demande. Nos objectifs 2014: développer notre volume d’offres et notre portefeuille d’activités touristiques sur la France, améliorer la version française actuelle, augmenter le nombre d’offres traduites en français sur l’ensemble des activités proposées par notre site
On parle beaucoup de la Russie en ce moment : beaucoup de choses bougent au niveau des startups. Quelle est ta vision sur ce sujet ?
Concernant l’écosystème startup en Russie, la première chose à savoir est que tout se passe principalement dans la capitale Moscou qui est très dynamique en ce moment (d’autres villes comme Saint Petersbourg et même Kazan – qui accueillera bientôt une ville internet baptisée Innopolis – tirent aussi leurs épingles du jeu mais Moscou reste loin devant en termes d’infrastructures et d’attractivité. Jusqu’à présent, l’un des principal rencontré par les startups russes notamment en early-stage était l’absence d’investisseurs privés et le manque d’une vraie culture du capital-risque. En 2013 le gouvernement a lancé l’Internet Development Initiative Fund dont l’objectif est d’investir dans des startups en amorçage et de lancer un nouvel accélérateur pour accompagner ces startups. On peut citer d’autres initiatives très importante comme le technopark Skolkovo, mais il nous faut encore je crois un peu de temps pour voir si le projet Skolkovo sera la prochaine Silicon Valley de Russie. Enfin je citerai un vrai besoin manifesté par un très grand nombre de startups russes : le besoin en mentoring et en accompagnement. Les principales opportunités dans l’internet en Russie résident dans l’e-commerce, les solutions B2B, les objets connectés également. LiveMap, le Google glass pour les voitures est une belle innovation conçue et développée ici en Russie.
Quels conseils donnerais tu aux startups françaises s’intéressant à la Russie ?
Trouver un partenaire local ! Notre droit est assez compliqué et la meilleure solution pour une startup française souhaitant s’implanter en Russie est de trouver un partenaire sur place qui peut aider à aller vite en évitant les blocages juridiques et bureaucratiques.